En appeler au Livre et aux sources

Ils sont nombreux à en appeler au Livre pour fonder leurs raisons, aux sources pour justifier leurs actes ; mais sont-ils allés dans la montagne, ne serait-ce qu’un seul jour, considérer la naissance d’une rivière? Sont-ils entrés, ne serait-ce qu’une seule fois, dans l’atelier où ferraille le philosophe pour faire tenir ses murs?
Curieusement ce sont les mêmes, intellectuels ou militants, qui répètent à satiété que l’origine se dérobe et qu’au fond, elle n’est qu’une vue de l’esprit. Les sources pourtant existent, mais elles ressemblent à un champ de bataille, aux marécages, à un pré labouré par une harde de sangliers.
Et chaque livre est un noeud, un carrefour, un échangeur, un incident topologique situé à égale distance de deltas de deltas; il est comme le goulet d’un sablier, une chicane, une clepsydre, une boule d’angoisse; il est un judas, un stent, un tamis; il est la mer, une île et un archipel; il est un seuil, un coup de force et un bassin de rétention; un condensé de pathétique qui s’ouvre et qui se ferme.
En appeler aux sources, pourquoi pas, mais en leurs lieux; ne pas en appeler au Livre, mais à tous les livres.

vufflens_chateau

 

Une journée où se croisent les saisons

echelle_mottier_b_2016-09-16

C’est une de ces journées où se croisent les saisons; le cœur des vieux ralentit, celui des hommes d’action tourne en rond. On ira ramasser, s’il cesse de pleuvoir et si tu le veux, quelques pommes et on cassera des noix.
C’est sûr, la table ronde et les chaises passeront l’hiver dans le jardin, on aimerait tant gagner un jour sur la mauvaise saison.

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