Jardin

Riau Graubon / 15 heures

Le Milieu du monde, c’est d’abord la chronique d’une rencontre qu’aucun almanach n’aurait pu prédire, celle d’une serveuse italienne et d’un ingénieur jurassien à qui l’amour donne l’occasion d’ouvrir les portes d’un monde dont nous oublions parfois l’existence, en offrant à la première la possibilité, dans une vie qui n’a cessé de la conduire ailleurs, de disposer enfin d’un refuge, au second de quitter le sien en renouant avec les formes enfantines de l’insouciance; mais c’est aussi la chronique d’une séparation, celle de deux êtres qui tiennent pour acquis le miracle de leur rencontre, épousant dans une espèce d’aveuglement les formes convenues que prend l’amour lorsque l’espoir s’emballe, laissant en arrière le seuil sur lequel ils se sont rencontrés et qui les avait invités à renouveler leur étonnement sans jamais fermer la porte derrière eux. Ils comblent leurs voeux au-delà de tout espoir si bien que l’Italienne s’en va de son côté, le Jurassien du sien, l’un cherchant ce dont l’autre avait en trop, faisant sans l’avoir désiré faux bond au principe de l’espérance.

Si le Gîte du Passant vante dans son prospectus la ville qui l’abrite, ses musées et ses alentours, creux et gorges, châteaux et églises, il ne dit rien de la Thièle qui passe à ses pieds et qui acquiert et son existence et son nom lorsque le Talent se jette dans l’Orbe, sous le pénitencier, et qui, sitôt affublée du nom qu’elle tire du premier, est canalisée jusqu’au lac de Neuchâtel. Ce curieux destin se poursuit puisque la Thièle en sort à nouveau corsetée, dans un canal creusé à l’occasion des Corrections des eaux du Jura, qui la conduit jusqu’au lac de Bienne où elle mêle ses eaux à celles de l’Aar détournées à Aarberg par le canal de Hagneck. On appelle canal de Nidau-Büren le pack que forment jusqu’à Büren les eaux de la Thièle et de l’Aar, avant que celle-ci retrouve à Büren son nom en retrouvant après la boucle du Häftli son cours. De la Thièle on ne parle plus, elle aura été comme un fantôme, de l’eau.

A vendre un bon chien de garde, un beau bois de lit en noyer, avec son sommier, 7 tonneaux ovales de différentes grandeurs, plusieurs étagères à livres, une table ronde avec dessus d’ardoise. S’adresser rue d’Etraz 24, au 1er.

Feuille d’Avis de Lausanne
25 octobre 1882

 

Crêt Blanc

Le Coudray  / 16 heures

Se dressent autour du Mormont les fours de la cimenterie d’Eclépens, les réservoirs du moulin Bornu, les silos de la Bernoise.

Le long du canal d’Entreroches des frênes, des aulnes, des peupliers que la tempête de cette nuit a mis à mal.

Aux parois de la salle à boire de l’hôtel de la Gare de Chavornay trois photographies du tournage en 1974 du Milieu du Monde; dans la chambre 8 les volets sont fermés; au mur quatre photographies de locomotives à vapeur; à gauche en entrant trois lits côte à côte, deux tables de nuit et deux lampes de chevet à l’abat-jour en forme de champignon; en face une télévision; dans l’angle sud-ouest une table carrée recouverte d’une nappe rose, avec deux chaises au placet rouge; trois fenêtres, deux donnent à l’ouest sur le Jura, la troisième au sud sur la gare, quatre vieux platanes et un tilleul.

A bord du Louisiane

Genève / 17 heures

Conseiller de M. Trump pour la sécurité nationale, le général McMaster a prêté sa plume à une explication de texte dans le Wall Street Journal, prévenant que le président qu’il servait avait « la vision clairvoyante que le monde n’est pas une communauté globale, mais une arène où les nations, les acteurs non gouvernementaux et les acteurs économiques  s’engagent et combattent pour des avantages. Nous apportons dans cette arène une force militaire, politique, économique, culturelle et morale sans rivale. Plutôt que de nier cette nature élémentaire des relations internationales, nous l’assumons.

Le Monde diplomatique, janvier 2018.

J’apprends dans ce même journal que le Centre industriel de stockage des déchets radioactifs de Bure se composerait de 300 kilomètres de galeries enfouies à 500 mètres de profondeur, qui concentrerait au même endroit 99,9 % des restes de l’industrie nucléaire française. Une bouffée d’oxygène dans cette modeste région de la Meuse, dont les Groupements d’intérêt public représentant l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs arrosent les habitants et les communes de cadeaux financiers. Un modèle de développement durable également lorsqu’on sait que les isotopes radiotoxiques resteront actifs pendant des centaines de milliers d’années encore.

C’est ce que le bonhomme encore jeune et un peu ivre m’a dit ce matin sur la place du marché:
Mon gars c’est le début de l’an et je vous emmerde, j’emmerde les donneurs de leçons, les faiseurs d’exercices, les moralistes, les professionnels, je vous emmerde. On a condamné les lanceurs de messages subliminaux, les vendeurs de tabac, les publicitaire. Intacts les poètes-philosophes qui affament nos gamins avant de les nourrir comme des oies. Je vous emmerde porteurs de doctrines, redresseurs de torts, avaleurs de couleuvres, coupeurs d’arômes. Je lance l’alerte, vous allez un jour devoir répondre de vos méthodes et de vos mots d’ordre.
C’est ce qu’il m’a dit et je fais passer.
Lancez la BBC sur le coup, les chaînes à Berlusconi, et TNT Berlin, tout est possible, ici  on aime la double crème et les bivouacs. C’est noël, c’est la pentecôte, chantez ou taisez-vous du bout des lèvres mais surtout chantez.
Le gars a du coffre, je fais suivre.