Laïus, topo et cliché

Analyser

Le chardonneret

Ses couleurs sont tout à fait remarquables. Le chardonneret adulte porte en effet les habits d’Arlequin: ses ailes sont noires et jaunes, son dos est recouvert de plumes d’un brun très tendre; son croupion est blanc crème; son bec a la belle teinte de l’ivoire; sa tête se cache derrière un beau masque rouge. Le jeune chardonneret, qu’on appelle griset, ne porte toutes ces couleurs que la seconde année. (8)
Le chant du chardonneret est facilement reconnaissable: aux premiers jours de mars, on peut l’entendre dans les sous-bois; lorsque la femelle couvera plus tard, le mâle n’hésitera pas à l’avertir des dangers; pendant toute la belle saison, les nouveaux-nés accompagneront le chant de leurs parents. (4)
Quant à leur nid, c’est un petit chef-d’oeuvre: sur la face extérieure, les chardonnerets emploient de la mousse fine, des lichens, de l’hépatique, des joncs, des petites racines, de la bourre des chardons entrelacés avec beaucoup d’art; à l’intérieur, ils le tapissent d’herbe sèche, de crin, de laine et de duvet. Au fond du nid, fin mars, reposent quatre ou cinq oeufs tachetés de brun-rougeâtre vers le gros bout. (4)
La distribution des chardonnerets en Suisse est importante. Le canton de Vaud accueille une belle colonie de chardonnerets: sur les bords du lac Léman, il n’est pas rare de les voir dans les saules et les aulnes; Le Flon leur fournit en amont du Mont-sur-Lausanne des haies, vives et protectrices. Les cantons de Genève et de Neuchâtel ne sont pas en reste. (5)
Les résidences de ces oiseaux sont variées. Les villes constituent pour les chardonnerets, en général, un refuge important: les jardins publics ou privés, en effet, sont l’une de leurs résidences favorites; les cimetières en sont une autre. Leurs résidences préférées, pourtant, ce sont les zones que l’homme a laissées à l’abandon: les friches leurs assurent en effet une réserve de graines tout au long de la mauvaise saison; les jachères sont également, en hiver, généreuses en nourriture variée. (7) Les artistes, qui ne s’y sont pas trompés, n’ont jamais cessé de prendre pour modèle cet oiseau multicolore: le peintre Carel Fabritius, par exemple, célèbre le chardonneret en 1654, dans un tableau qui connaîtra une extraordinaire fortune; Donna Tartt, plus près de nous, fait paraître en 2014 un immense roman qui tourne autour de la disparition du tableau de Carel Fabritius. Eric Poitevin publie enfin, cette année, avec une belle préface de Jean-Christophe Bailly, les photographies d’une série de natures mortes parmi lesquelles on peut reconnaître un chardonneret. (4)