Dimanche 3 mai 2009

Elle s’arc-boutait contre la nuit, contre le jour, contre nous et un peu contre elle. Au moment même où la journée penchait vers la fin, elle restait et tentait de retenir ce qui va, elle criait et hurlait de ne pouvoir arrêter l’échu, moins aujourd’hui. Comme chacun de nous elle patiente, de son lieu, avec ses pensées, des pensées qui ont un air de famille avec celles de tout un chacun.
Mais elle vit à plein ce que d’autres ont vécu ou vivent à demi, j’en suis. J’entends et ne vois d’autres alternatives que celle d’être à deux pas d’elle, vivant.
Parce qu’il s’agit bien de cela, pour elle comme pour nous, chaque jour s’incline vers l’occident en tournant autour d’un invisible axe, disparaît pour réapparaître lavé aux grandes eaux de la nuit. Nous devons être au rendez-vous. Malheur à celui qui passe son tour.
Il aura fallu des années et la naissance d’êtres neufs pour que je prenne la mesure de ce qui trouve son origine tout au long des deux lignées dont je suis le produit et qui me guette. Je pressentais que j’aurais rendez-vous tôt ou tard avec cet arriéré – déni sans raison, refoulé familial –, mais j’aurais préféré avoir eu à traiter avec lui en d’autres circonstances, il y a longtemps déjà.

Jean Prod’hom