Vie reste vie | Mort reste mort

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Tu te penches vers le visage de l’absent qui s’efface lorsque tu t’approches de son secret. C’est ainsi que tu mesures la distance qui te sépare d’eux. Et moi, lorsque je me retourne pour m’assurer que le poisson arc-en-ciel que je croyais avoir saisi est bien dans la nasse, vivant, il me glisse des mains et s’éloigne, comme ces taches de lumière que je ne lâche pas derrière mes yeux fermés et qui rejoignent à grandes enjambées le ciel et les étoiles. Le chant est la trace d’un silence qu’on ne retient pas, il ne fera pas fléchir la loi.

Vie reste vie
Mort reste mort

Sisyphe et les Danaïdes perçoivent l’écho du chant d’Orphée dont la voix s’est tue. L’effroi des bêtes sauvages et les durs rochers, les chants des oiseaux nous rappellent sa mort. Les arbres prennent le deuil en octobre, les ruisseaux grossissent de leurs propres larmes au printemps, le beurre du chèvrefeuille ne parvient pas à les consoler. Ne te retourne pas tant que tu le peux, c’est ce temps qui fait le poème, les fragrances du lilas reviendront plus tard.

Jean Prod’hom