Cher Pierre,
Lundi c’est demain, et c’est un peu, je crois, pour m’y préparer que je me lève à 6 heures, m’active en faisant un feu dans le poêle, puis griffonne sur des fiches quelques notes en prévision des changements qui vont avoir lieu sur ce site. Je vais en effet revenir à une forme plus éclatée de ce journal, qui ressemblera, au moins en apparence, à celle de fin 2013. Mais avec la volonté d’en faire également l’atelier dans lequel seront entreposés les fragments d’un texte auquel je songe depuis quelque temps déjà. Sans oublier, en contrepoint, les Laisses que nous mettrons en route le 14 janvier, Stéphane et moi.
J’ai cru en regardant par la fenêtre qu’il ferait beau ; mais il a fallu déchanter, le brouillard n’a pas tardé à remonter de la Broye et à s’accrocher à la cime des épicéas et des sapins blancs. Louise me rejoint à 8 heures, Lili puis Sandra la suivent. Elles descendent toutes trois chez Marinette.
Il aurait fallu décrire la bataille silencieuse à laquelle se sont livrés, au Riau, les éléments ; décrire comment le soleil a repris le dessus, puis le dessous, le dessus, le dessous enfin, définitivement, avec le brouillard entre lui et nous. Ou à défaut, pour apprendre, relire les pages que Claude Lévi-Strauss en route pour le Brésil à bord du Mendoza a consacré, dans Tristes Tropiques, à la description d’un coucher de soleil.
Je dévoue le reste de ma courte journée à l’école, mets à jour le site des élèves et prépare la semaine prochaine. Lili est sur un projet dont elle ne veut rien dire ; Arthur travaille une bonne partie de l’après-midi enfermé dans sa chambre ; Sandra se penche en compagnie de Louise sur le codex Magliabechiano, elle prépare ensuite des lasagnes végétariennes, je lave une salade. Il fait nuit, on mange alors qu’il n’est pas 18 heures, la cuisine est réduite à 18 heures 30. On monte voir le téléjournal avant de rejoindre, un peu inquiets, nos appartements.
Demain c’est lundi.
Jean Prod’hom