Saint-Bonnet-le-Courroux, haute maison aux murs épais, volets clos, soleil d’août ; des verres tintent sous le tilleul. J’emprunte certains des innombrables chemins qui m’ont conduit là, besogneux, à l’intérieur d’une couronne indécise qui circonscrit l’instant où ils se perdent, creusant au passage un espace dans lequel quelque chose se détache, bombe le torse, cherche sa syntaxe, ses différents plans, sa vitesse.
C’était à Saint-Bonnet-le-Courroux, qui est une île à côté des îles, avec tout autour des collines sans personne, des bouts de chemins qui écument. L’itinéraire que j’ai suivi et qui aurait pu m’éclairer s’est évanoui. Je suis dedans, forclos ; impossible d’en sortir, de faire marche arrière ; le vent a soufflé, les chemins de poussière ont effacé les traces. On devine pourtant que les choses gardent quelque chose du matériau dont elles sont faites et on imagine, rêveur, sur le vieux plan de la place du marché, les annotations qu’ont déposées les passants d’autrefois.
Il est plus facile d’entrer dans la ville que d’en sortir, je le sais d’expérience.
Jean Prod’hom