Bonheur d’avoir trouvé

Bonheur d’avoir trouvé cet après-midi de belles pierres, d’autant que ces miracles se jouent toujours à presque rien : une vague, un reflet, une distraction ; d’avoir su dégager ou ajouter – qu’importe ! – deux heures à ma journée sans les avoir volées à qui que ce soit, sans avoir soldé non plus les activités qui ont dessiné leur contour, sans que cet écart ait fait de moi, à la fin, un de ces filous moitié coupables moitié heureux.

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Bonheur plein de m’être trouvé là au bord du lac, alors que le soleil était encore haut dans le ciel, loin des promesses que nous nous faisons dans l’espoir qu’elles finiront un jour par ne pas mentir et nous y conduire alors qu’elles nous en éloignent. Ni droit ni dérogation donc, mais retraite, mise à l’écart, dépression même, absolument nécessaire, absolument lumineuse, qui me rappelle tandis que la nuit tombe, ces zones vacantes où l’enfant que j’ai été a grandi, entre école et maison, chien et loup ; le temps passé à traîner les pieds dans Riant-Mont, à ne rien faire assis sur le muret de la Colline, à fumer du bois doux près de la haie du Petit parc, avec sur le corps une laine chauffée à blanc et le vent cru de novembre.

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