Riau Graubon / 7 heures
C’est une élève d’une quinzaine d’années qui, assise sur un muret, en paraît douze; à l’adulte qui l’interroge sur ce qu’elle vit lorsqu’elle oublie son téléphone ou que sa batterie ne répond plus, elle répond ceci: « Je me sens coupée de tout. » Avec un ton, un sourire, un œil qui en dit long sur son désarroi et son impuissance.
Chacun est amené un jour ou l’autre à se retrouver nu, désarmé, seul. Mais qu’une batterie ou une carte SIM suffise à réintégrer le lieu d’où l’on est chassé, voilà qui est nouveau.
L’expérience que rapporte l’adolescente enveloppe en réalité une autre menace, celle de faire du langage, sans le milieu dans lequel il s’égare, le seul attribut de l’être.