Riau Graubon / 15 heures
Si l’infatigable narrateur des Anneaux de Saturne s’étonne – chaque fois qu’il prend connaissance d’une brève dans un journal local ou relève une observation dans un livre de bord – qu’une trace depuis longtemps effacée dans l’air ou dans l’eau puisse encore exister, inaltérée là sur le papier, je m’étonne de mon côté que W.G. Sebald omette de lui faire dire ce qu’il sait lui-même. Car si le narrateur prend dès le matin quelques notes sur ce qu’il a vécu la veille, je le soupçonne également de prendre quelques notes sur ce qu’ils se promet de vivre ou d’écrire le lendemain, espérant ainsi se soustraire au vide qui le menace dès le début : une rivière a besoin d’un lit quand bien même elle serait à sec.