Riau Graubon / 9 heures
– Nul n’ignore, dit Monsieur Long, que les enfants aiment scier, couper, clouer, raboter, jardiner, et qu’ils sont accommodants et calmes lorsqu’ils peuvent se donner à ces activités familières. L’école, vous le pensez bien, n’aurait pas manqué d’exploiter des tendances aussi bénéfiques si elle ne s’était pas cru liée par une tâche plus noble: celle d’arracher justement ses élèves à l’emprise facile de ces occupations primitives pour les élever graduellement à la vie de l’esprit qui est notre permanente noblesse.
– Comme si nous ne devions pas tous être dominés par cette si humaine préoccupation! Reste à savoir quel est le chemin le plus sûr pour y parvenir: le vôtre qui, dédaignant les marches naturelles qui y mènent, considère prématurément l’esprit comme une entité qui peut se cultiver séparément, qu’on peut animer, développer, exalter par des moyens spécifiquement intellectuels – ou le mien, qui attend patiemment que se dégage de l’activité naturelle une pensée originale et féconde.Célestin Freinet, Oeuvres pédagogiques I,
L’Education du travail, 1949
L’enfant veut travailler comme il veut se nourrir