Une fois, une fois encore, une fois encore de la précipitation dans l’annonce de nos morts. Trop je crois: s’y glisse une désagréable impression, ou une crainte, celle d’un malentendu irréparable, inavouable.
Les proches se taisent et pleurent leur cher disparu, les étrangers sont à la mer. Les autres s’affairent au coeur de la bataille, se concertent, ne savent de quel côté pencher; finalement ils se décident: le premier creuse, le second jardine, le troisième achète des fleurs, c’est sûr, le milieu a pris les devants et le mort ne dira plus rien.
On ne devrait pas plaisanter avec la mort, il nous faut apprendre à patienter et à silencieusement veiller nos morts. C’est seulement lorsque le faire-part sera envoyé qu’on sera un peu soulagé.
On ne devrait évoquer nos morts qu’après leur mort, après qu’ils le soient vraiment, une semaine après ce serait bien, je crois; ne t’en fais pas, on fera un cortège et, si tu le veux, tu pourra défiler juste derrière la famille, il y a de la place.
Alte Aare
Meienried / 11 heures