Cheyres

Cheyres / 15 heures

Le soleil est revenu au Riau, il disparaît à Syens, revient à Ménières. Le tenancier du bar américain de Vesin avance, recule, prétend que la maison de Vincent Jaquet a été détruite, qu’il squattait une grotte dans laquelle il vivait comme un ermite, que plus tard un paysan y a stocké des betteraves. La grotte n’existe plus. Je renonce a démêler le vrai du faux.

Pierre Huwiler me rejoint à la Rose de la Broye, le restauroute d’Estavayer où l’on s’est donné rendez-vous, avec sous le bras un double vinyle sur lequel sont gravés Les chaînes et le roseau (Huwiler-Ducarroz) et Le voleur au mille roses de (Huwiler-Ducarroz), enregistrés en public le 5 novembre 1982 à Domdidier à l’occasion des rencontres chorales de la Broye.
C’est Joseph Kaelin, son grand-père maternel qui a condamné Vincent Jaquet au terme de l’un de ses nombreux procès, il en rit. Le musicien de Rueyres-les-Prés ne chôme pas depuis sa retraite, il a composé ou harmonisé cinquante-deux chansons en 2017 et dirige deux chœurs. Il sera à Montreux le 18 mars prochain avec 5 musiciens, 100 chanteurs et Maxime Le Forestier.
Avant de se séparer, je lui offre l’ouvrage du curé de Montet sur le saute-ruisseau de Vesin, il retourne à sa voiture et me tend Ponteo, une de ses dernières réalisations. A l’origine, une chanson qui ne s’est pas faite avec Toni el Suizo.

Il est 14 heures lorsque je parque la Nissan à la rue du Vieux Port; Michel Antoniazza habite à deux pas du lac et de la Menthue. Il est né dans la ferme à côté, a fait du grec au gymnase du Belvédère, une année de lettres, plusieurs de biologie avant de revenir sur la rive sud du lac de Neuchâtel qu’il n’a pas quittée. Il note avant d’aller plus loin les informations que lui livrent deux mésanges prises dans un filet tendu dans son jardin, enfile une paire de bottes et embarque une paire de jumelles. L’homme de la Grande Cariçaie a un faible pour les canards, mais aussi pour les chardonnerets qui ont passé l’hiver dernier dans ses haies et qu’il a nourris avec des graines de tournesol. Ils ne sont pas arrêtés cette année.
Il m’emmène en-haut Les Côtes vers le lac, à nos pieds le marais né des deux corrections des eaux du Jura, les travaux qu’ils ont induits: la fauche, le boisement littoral, le désenvasement des étangs,… Michel Antoniazza ne se fait pas d’illusion, il a fait sa part, nos enfant et petits enfants continueront l’ouvrage, sauveront ce qui peut être sauvé, et peut-être feront mieux.
On marche entre Cheyres et Yvonand sur une passerelle relevée par des pilotis, la tête au-dessus des laîches et des roseaux, on aperçoit des nettes rousses, des chipeaux, des morillons; dans le ciel deux goélands qui font le bronx.
Les castors jouent au mikado à l’embouchure de la Menthue; au large, grossis soixante fois, un plongeon arctique et une harle huppée. Oh! la belle après-midi, on se quitte à cinq heures au plaisir de se revoir.

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