Estavayer-le-Lac | 1928

Riau Graubon / 16 heures

Comme le plongeoir des dix à Bellerive! Dix mètres, c’est ce qui sépare en effet  le fond de la plaine de l’Orbe et le miroir de l’Aar à Soleure.
On avait, raconte un pêcheur de Chevroux, le lac au bas du village. Le lac était au café du Port et les pêcheurs avaient leur bateau au bas du jardin. Il y avait déjà un peu de roseaux au pied des rochers.

 

Je traverse le camping et la passerelle sur la Menthue, longe celle-ci jusqu’au village des pêcheurs. Les baraques se tiennent en retrait, portes et volets fermés; le bois ne craque plus, gonfle, rongé par l’humidité. Les couleurs passées, le ciel boueux et bas, la terre mêlée aux feuilles mortes macèrent, les pêcheurs sont morts.
Un peu plus loin, au bord du lac, un homme aux cheveux blancs met un peu de couleur dans ce décor sinistre, il tient une paire de jumelles et scrute l’horizon; je comprends vite qu’il compte les nombreux canards qui hivernent dans le coin. Il a les yeux bleus, transparents, des bottes hautes, il est bien vivant.

1 Comment

  1. A l’attention de Monsieur Jean Prod’hom,
    Voici deux jours, je cherchais sur « la toile » l’adresse d’un pêcheur de la rive sud du lac de Neuchâtel, de façon à garnir notre table du 1er août de préparations issues de la pêche, telles que bondelle ou truite fumée, mousse de brochet, etc. , lorsque, ô surprise, je tombe sur une photographie illustrant un texte publié dans Les Marges, sous le titre « Estavayer-le-Lac / 1928 » ; cette photographie présentait les rivages du port de Chevroux, où je reconnaissais, au nombre des trois pêcheurs occupés à préparer leurs filets, la silhouette du grand-père maternel de mon épouse, Léon Bonny-Cuany, debout dans sa barque, dans un décor de roseaux, avec en arrière-plan la jetée du port et la silhouette du Jura ; les deux autres « chevrottins » amassent sur un char à main, le filet dépoissonné que leur tend l’aïeul de mon épouse. La « moto-godille » n’avait pas encore fait son apparition. Effectivement, à cette époque, « le lac était au bas du village. Le lac était au café du Port et les pêcheurs [de Chevroux d’en-bas] avaient leur bateau au bas du jardin. » Mais l’aïeul de mon épouse était un « petit paysan » qui habitait Chevroux d’en-haut ; il arrondissait ainsi son revenu agricole par la pêche, comme il y a des paysans-horlogers, c’était un paysan-pêcheur. Au nombre des plus beaux souvenirs de sa tendre enfance, celui d’accompagner son pépé dans la pénombre du matin avec le char à main, muni d’un falot de tempête : ils descendaient au port, pour aller tendre les filets sur le lac et découvrir le lever de soleil assis dans la loquette, à la quiétude du matin, au son du clapotis des rames et du chant des oiseaux de cette Grande Cariçaie.
    Oserais-je vos demander, si ce n’est pas indiscret, la source de cette photographie ?
    Car une copie de celle-ci, concrétiserait les souvenirs de cette époque lointaine et accompagnerait avec bonheur la peinture du port de Chevroux en 1925, par Ric Berger, avec seules quelques barques de pêcheurs !
    J’apprécie énomément, depuis maintenant quelques mois, les textes et les illustrations présentés dans Les Marges, tant de lieux de Suisse ou de France qui nous rappellent nos propres escapades dans des terroirs familiers.
    Avec mon attentive reconnaissance et mes cordiaux messages.
    Henri Niggeler
    Le Clos d’Amont – Passage du Clos d’Amont 2 – 1553 Sédeilles

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