Gif, jeudi soir
Cher Jean,
Non, rien ne m’est encore parvenu de la Suisse voisine. J’attends, donc. J’entame ma cinquième année de retraité et vérifie que le métier que nous avons exercé, parce qu’il se confondait avec nos existences mêmes et celles-ci avec lui, nous procure toujours de solides raisons de vivre. On ne fait rien d’autre que ce à quoi on a sacrifié jour après jour, lire, écrire, à l’occasion, récolter des tessons et autres curiosités. Les causettes remplacent les cours. Il n’y a qu’une ombre au tableau, celle, je crois, qui touche aussi ton livre, et qui est celle du passage. Je vois distinctement la porte du fond. Déjà!
Bonne soirée. Amitié.
Pierre