Il y a les mots oubliés

Photographie | Louise Prod’hom

Il y a les mots oubliés, les traces de l’oiseau qui s’envole,
ton sourire, ton rire, 
il y a ce qui nous porte, le vent, la mer, les galets,
il y a les heures partagées et les heures perdues,
il y a ce qu’il convient de taire, 
les fenêtres ouvertes,
le ciel, les refuges, les cabanons.

Il y a les gens qui restent et ceux qui s’en vont,
et puis ceux qui s’en vont et ceux qui restent,
il y a la marée, l’ombre,
les joies et les peines,
il y a aussi, dans une boîte, 
un morceau de ficelle, une perle et une clé orpheline, 
il y a des rages et d’anciens malentendus.

Il y a des inconnues,
de bonnes résolutions
le principe espérance,
les étoiles dans la nuit,
aujourd’hui, 
la rosée le matin,
demain.

Pré de la Moille Baudin

Corcelles-le-Jorat / 12 heures

Il y a des solitudes qui veillent à toute heure du jour et de la nuit ; à la cuisine, dans la bibliothèque, au bureau. Elles considèrent du dedans ou par la fenêtre un train, une foule qui se hâte, un vieux verger. Ni fuite ni refuge, mais le jour et la nuit en pente douce, avec dessus des accidents pensants, des rêveurs, des décrochages, des hommes aux affaires, des rumeurs, des brigands, des chicanes, des poètes, des comptables qui passent comme des voleurs, sans laisser de traces. Toi tu fais ton quart à l’abri derrière un rideau de pluie.