Poulailler (Célestin Freinet LIII)

Riau Graubon / 12 heures

Vous prétendez qu’avant de se livrer à de telles besognes, l’enfant doit « apprendre ». Apprendre quoi ? Apprendre à travailler ? Que non pas !… Apprendre pour pouvoir travailler ? Que non pas !… Apprendre pour pouvoir travailler plus tard avec une plus complète efficacité, ce qui ne serait pas une formule si foncièrement mauvaise si vous ne couriez le risque, selon votre processus éducatif anormal, de lui apprendre tant de choses que, lorsqu’il devrait être enfin à pied d’oeuvre, il ait tout simplement désappris le travail, oublié jusqu’au sens intime de sa vraie signification sociale.

Célestin Freinet, Oeuvres pédagogiques I,
L’Education du travail, 1949
Conséquences pédagogiques

Moille-aux-Blanc (Célestin Freinet LII)

Corcelles-le-Jorat / 14 heures

Le vrai danger commence lorsqu’on feint d’ignorer ce qu’il y a d’anormal dans l’activité imposée, qu’on la considère bientôt comme régulière, et que les moyens employés pois la faire accepter prennent figure de méthodes universelles fondées sur la nature même des individus. […]
Ce que je reproche à certains éducateurs modernes, c’est d’avoir généralisé trop tôt les vertus d’un excitant commode, agréablement, apparemment efficace, et de n’avoir plus juré, plus pensé, plus construit que par le jeu, attribuant ainsi, à un procédé accessoire, les vertus majeures des activités fonctionnelles. Ils prennent l’ersatz pour le produit naturel et ils s’en félicitent. […]
Et vous ne vous rendez pas compte que vous avez tout simplement procédé comme l’ouvrier accablé par son métier, qu’un verre de vin régénère, que deux verres de vin peut-être font chanter.

Célestin Freinet, Oeuvres pédagogiques I,
L’Education du travail, 1949
Conséquences pédagogiques

La Péchause

Bussy-Chardonney / 14 heures

Cette pédagogie du jeu est une erreur bien à l’image, hélas, de notre civilisation aujourd’hui dominée par le haschich : par la chaîne du travail d’une part, et en pendant, d’autre part, par la jouissance passive, la recherche du plaisir, quelle qu’en soit la valeur morale ou vitale ; d’une civilisation qui semble avoir consommé le divorce entre les gestes ancestraux de l’individu – pour assurer son alimentation, son abri et la perpétuation de l’espèce – et la machine artificielle sans âme, montée par une technique ingénieuse certes, mais socialement aveugle et déséquilibrée.

Célestin Freinet, Oeuvres pédagogiques I,
L’Education du travail, 1949
Conséquences pédagogiques