Bonheur d’avoir trouvé

Bonheur d’avoir trouvé cet après-midi de belles pierres, d’autant que ces miracles se jouent toujours à presque rien : une vague, un reflet, une distraction ; d’avoir su dégager ou ajouter – qu’importe ! – deux heures à ma journée sans les avoir volées à qui que ce soit, sans avoir soldé non plus les activités qui ont dessiné leur contour, sans que cet écart ait fait de moi, à la fin, un de ces filous moitié coupables moitié heureux.

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Bonheur plein de m’être trouvé là au bord du lac, alors que le soleil était encore haut dans le ciel, loin des promesses que nous nous faisons dans l’espoir qu’elles finiront un jour par ne pas mentir et nous y conduire alors qu’elles nous en éloignent. Ni droit ni dérogation donc, mais retraite, mise à l’écart, dépression même, absolument nécessaire, absolument lumineuse, qui me rappelle tandis que la nuit tombe, ces zones vacantes où l’enfant que j’ai été a grandi, entre école et maison, chien et loup ; le temps passé à traîner les pieds dans Riant-Mont, à ne rien faire assis sur le muret de la Colline, à fumer du bois doux près de la haie du Petit parc, avec sur le corps une laine chauffée à blanc et le vent cru de novembre.

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J’ai reçu ce matin une gentille lettre

J’ai reçu ce matin une gentille lettre de Jean-Christophe Bailly. Il m’apprend, au détour, qu’il se rend chaque été à Porz Even et qu’il en ramène… de minuscules coquillages. Il ajoute que des tessons, il en a plein une corbeille. Oh ! pas de ceux qui me rendraient jaloux, des tessons de campagne, trouvés dans la terre… pas arrondis, pas lisses, autre chose.
Le paragraphe, assez sévère, que j’ai consacré à Gaudi amène l’écrivain à faire un distinguo, qui n’est pas loin de me rabibocher avec l’architecte catalan lorsqu’il conclut : Quand tout ce qui est utilitaire sera comme le banc du parc Guëll, cela voudra dire que l’on aura entendu la leçon des ramasseurs de tessons et de bois flottés.
Les mots de cet essayiste, dont la trajectoire et l’écriture m’emballent depuis longtemps déjà, me donnent une fois encore la preuve, si besoin était, que ceux qui n’ont pas une minute, en trouvent une encore pour dire avec bienveillance, aux premiers venus, que leurs ratiocinations plongent leurs racines, elles aussi, dans ce qui les entoure.

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PS

Finalement je retranscris cette lettre qui me ravit ;

… Je n’ai eu votre livre que récemment, il a dû passer un long moment dans la loge de l’immeuble – Je l’ai trouvé en rentrant de… Porz Even ! Où je vais régulièrement chaque été, y ramassant quantité de minuscules coquillages.
Des tessons, j’en ai une pleine corbeille mais ce sont des tessons de campagne, trouvés dans la terre – les paysans autrefois y jetaient / enterraient les pots cassés : donc pas arrondis, pas lissés, autre chose.
J’ai lu votre livre avec beaucoup de bonheur, la quête de ces choses de rien y est très bien décrite et commentée, on vous suit sur les grèves et les replis – dans ce grand gisement disséminé. Il y a là quelque chose de chinois et ce d’autant plus que vous n’insistez jamais. Vif comme le surgissement de la couleur dans ces petits éclats.
Il n’y a que sur Gaudi que je ne suis pas d’accord avec vous. Il n’utilisait pas de choses trouvées mais des céramiques cassées exprès comme dans la technique des « carreaux cassés » utilisée dans le bâtiment (surtout entre deux guerres et années 50) – et quand tout ce qui est utilitaire sera comme le banc du parc Guëll, cela voudra dire que l’on aura entendu la leçon des ramasseurs de tessons et de bois flottés.
Merci en tout cas pour le cadeau de ce livre – et pour le petit tesson – qui l’accompagnait et qui aura fonction de talisman, là où il repose désormais…

Tessons

Tessons Temps Prod'hom

Dominique Aussenac
Brimborions, Le Matricule des Anges 161 (mars 2015)

Lisbeth Koutchoumoff :
Pépite, Le Temps Samedi Culturel ici et (15 novembre 2014)

Critiques littéraires du «Temps»
Les 20 livres qui ont marqué l’année 2014 (23 décembre 2014)
Palmarès

Michel Audétat (30 novembre 2014)
« Tessons » ou la beauté sauvée des eaux, Le Matin Dimanche

ch REIHE | ch COLLECTION | ch COLLANA (chstiftung)
Jean PROD’HOM | tessons

Jean-Louis Kuffer (5 et 12 novembre 2014)
Mémoire vive (51)
Ceux qui ramassent des éclats de beauté

Philippe Dubath et Odile Meylan (29 novembre 2014)
24heures 1
24heures 2

Jean-Blaise Besençon
L’Illustré (7 janvier 2015)
Tête-à-tête

Littérature romande (6 avril 2015)
Entretien
Tessons

Dominique de Rivaz (8 mai 2015)
Le Nouvelliste

Pierre Bergounioux (12 février 2015)
Cher Jean

Nicolas Verdan (27 novembre 2014)
Terre et Nature

Etienne Dumont (11 décembre 2014)
Bilan

Alinda Dufey (5 décembre 2014)
Vigousse

Thierry Raboud (6 décembre 2014)
La Liberté (Fribourg)

Carine Delfini sur La 1ère (12 novembre 2014)
RTS

Geneviève Bridel
Le Journal du samedi (27 décembre 2014)
Quartier livres
3.35 – 5.30
La Puce à l’oreille (27 novembre 2011)

Elsa Duperray
La Puce à l’oreille (27 novembre 2011)

Denis Montebello (2 décembre 2014)
Le blog de Denis Montebello

Karim Karkeni (17 décembre 2014)
Sur Katchdabratch

Alain Bagnoud (21 novembre 2014)
Blog

Danielle Marze
La Tribune Nyons-Vaison-Valreas (17 septembre 2015)

Karim Karkeni (24 novembre 2015)
Radio Vostok

Thomas Vinau (8 décembre 2014)
Facebook
Éclats de rien qui bout à bout forment le temps. Récolte insignifiante des petits morceaux de couleur dont plus personne ne veut. On ne répare pas les pots cassés mais on peut en faire des bouquets, des enfants, des questions.

Sylvie Durbec (22 novembre 2014)
Facebook
Lire Tessons de Jean Prod’hom, c’est marcher d’un pays à l’autre, d’une plage à l’autre, d’un Portugal aimé à une Bretagne retrouvée. Et les tessons s’entassent un peu partout dans la mémoire. Et ravivent le désir de poursuivre.

Claire Krähenbühl (17 novembre 2014)
Facebook
Tesson(s) s’ouvre comme une huître et la chair s’annonce savoureuse : « les belles histoires n’ont pas de fin ». Pour vérifier, je cours à la dernière page et ça finit bien mais par une promesse. Ouverte. Rien ne finit jamais. On se penche, on ramasse, on touche, on écrit. « Les restes de la vaisselles du monde ! »
Reliefs.
Bris qu’on empoche comme un marron. Brisures qu’on achetait gamines, les morceaux cassés des pièces à quinze (qui se souvient ?) un cornet pour 10 centimes.
Chutes de tissus, échantillons, lambeaux, brindilles, restes de restes, mots.
Motifs.

Dany Schaer (20 novembre 2014)
Journal de Moudon
Echo du Gros de Vaud

Agathe Gumy
Aux 4 coins du Mont (février 2015)
Tête-à-tête

Alain Schafer (6 novembre 2014)
La Broye

Frédéric Rauss (13 avril 2016)
Tessons (in Les joies du père)

Etienne Rouziès (25 mai 2016)
Tessons sur la Têt (in Le Vent des rues)

Jean Prod’hom