Il aime ce qui est propre, il incinère tout ce qui traîne, on raconte qu’il fait son savon lui-même.
Jean Prod’hom
Il aime ce qui est propre, il incinère tout ce qui traîne, on raconte qu’il fait son savon lui-même.
Jean Prod’hom
Ils ont fauché l’herbe hier matin, sorti les pirouettes en fin d’après-midi pour tirer des lignes hésitantes et des marges flottantes. Le soir on a pu apercevoir des pages et des pages plus singulières les unes que les autres entre vergers et colza, elles ressemblaient à des morceaux d’océan, les têtes des pissenlits étincelaient sur les andins comme l’écume sur les crêtes des vagues.
Rien n’y sera écrit. Ce soir avant l’orage ils enrouleront dans la précipitation les lignes, et on tournera la page. (P)
Jean Prod’hom
Si je m’étends aujourd’hui à midi dans les combles d’une maison déserte, c’est parce que mon corps n’accepte plus, tout à coup, l’idée d’un temps qui avancerait vers le tout autre ou qui reviendrait vers le même. La raison n’y peut rien, Daniel a beau faucher comme il y a douze mois le pré qui s’étend en contrebas du Chauderonnet, Arthur a beau honorer ses engagements en se rendant à l’école, comme nous le lui avons demandé, pour y préparer les années qui lui permettront de continuer sans nous, nous méritons mieux.
La fenêtre est ouverte, la vie est là, le soleil suit une courbe presque immobile. Je ferme les yeux, il fait frais, je distingue pourtant les taches de lumière qui taquinent la vieille charpente. Immobile, éveillé comme jamais, je m’éprends, creuse une niche loin des arènes. Les cris des moineaux, fous du printemps, tiennent à deux mains l’assiette du jour, la vie est un don.
Plus tard je ferai de même sur une terrasse entre Palézieux et Oron, et puis à l’instant en fouillant dans les dépenses du langage.
Je me prends à aimer à nouveau et me réjouis de toutes ces boucles du temps qui ponctuent nos vies, qui nous éloignent des pentes désespérées sur lesquelles on roule inconscient, sans rien espérer d’autre toutefois que leur divin retour.
Jean Prod’hom