Montagne du Château

Riau Graubon / 8 heures

Le 2 août fut une journée paisible. Assis à une table près de la porte de la terrasse j’avais étalé tout autour mes papiers et mes notes et faisais des transitions pour tenter de relier des événements fort éloignés, mais qui me paraissaient relever d’un même ordre d’idées.

W.G. Sebald, Vertiges

Donner un visage, prévoir, agender ou noter ce que je ferai tout à l’heure, ce soir ou demain, jusqu’à oublier ce j’aurais pu faire, ne diffère guère, au fond, des récits des événements dont j’ai été l’instigateur ou le témoin, auxquels j’ai pris part ou auxquels j’aurais pu prendre part, ou même de ceux dont je n’ai été que le siège.
Les uns et les autres nécessitent une énonciation que ne cessent de déplacer les coïncidences, qui sont comme des brèches dans lesquelles je m’engouffre et derrière lesquelles je suis bien obligé de faire en sorte que quelque chose s’organise.

Salle à manger

Riau Graubon / 12 heures

Non, il ne suffit pas d’installer à l’école des outils ou des machines plus ou moins compliqués, d’ouvrir des ateliers, d’acquérir et de mettre en culture des champs et des jardins, puis de laisser ces multiples sollicitations s’offrir sans ordre majeur, sans raison intime, à l’intérêt et au désir de travail des enfants. Ce serait là cultiver cette fantaisie dont nous avons dit la nocivité, favoriser la distraction et le désordre. Piètres conditions pour une initiation au travail!

Célestin Freinet, Oeuvres pédagogiques I,
L’Education du travail, 1949
L’éducation du travail

Cuisine

Riau Graubon / 13 heures

Il en serait ainsi, en effet, si nous nous contentions de jeux de détente qui se présentent sans ordre intérieur, avec leur contenu d’activités compensatrices passagères. L’enfant fait tourner un train sur des rails; puis il va jouer à un jeu de construction parce qu’il est fatigué du chemin de fer, et s’en ira gratter la terre quand il éprouvera le besoin de sortir au grand air. Il en est sans doute ainsi, d’après ce que j’ai lu et vu, dans le système à la mode de Madame Montessori. L’enfant choisit son activité, c’est un fait, mais ne serait-il pas nécessaire de lui faire sentir l’utilité de cette activité, de lui faire acquérir subconsciemment la notion de travail qui l’aurait motivé et ordonné, au lieu de la laisser à la merci de la fantaisie et de l’illusion.

Célestin Freinet, Oeuvres pédagogiques I,
L’Education du travail, 1949
L’éducation du travail