Botterel

Sugnens / 16 heures

Les seuls vestiges qui demeurent ce sont les dalles d’une cour et un jardin réduit à une longue allée toujours bordée par le même alignement de briques arrondies. J’ai revu ces témoignages matériels après soixante-dix ans, et je les ai reconnus avec exactitude. Très intéressé sans aucun doute, mais pas le moins du monde impressionné. C’était, simplement retrouvée, la même vie (habituelle en quelque sorte), et cela ne faisait événement ni pour le passé ni pour le présent […]
Pas plus que de racines il ne faut me parler de lieux de mémoire. les lieux qui me saisissent n’ont en réalité de rapport avec rien.

André Dhôtel, Retour

Route du Riau

Riau Graubon / 8 heures

Dans cette campagne, au début de chaque nuit, plus d’un habitant sort des maisons pour regarder le ciel. A ne pas manquer. Dans ces étés il n’y a souvent que les étoiles. Et encore une fois vous avez l’abîme qui éclaire tout.
« De profundis, domine! suis-je bête », s’écriait Rimbaud. Mais la faille illuminante s’est affirmée en cette mince aventure excentrique, et bientôt tout se rompt dans la suite. Qui n’a jamais été mis à la porte (d’une classe par exemple en la jeunesse étonnante) ne peut pas savoir. C’est la contre-partie du péché originel, une sorte d’entr’acte où attraper au travers de tous les torts et repentirs, les lueurs des merveilles vivantes et sans prix.

André Dhôtel, Retour