Gouille du petit triage

Riau Graubon / 20 heures

Écrire, c’est en même temps et dans le même geste saisir et céder, pincer et libérer sur un fil tendu. C’est donner une chance à ce qui éclaire et résiste, ou le plonger dans l’obscurité. Ou faire des étincelles, trop souvent.
Se réveiller quoi qu’il en soit les mains vides.

Greyloz

Corcelles-le-Jorat / 18 heures

Pas que, pas tout mais beaucoup: des pépins, une fuite, une épine, des étourderies, des petites lâchetés, un coup dur, de la présomption: soi et les autres.
Dehors la bise s’est levée, a dispersé les cendres et fait tomber les murs. Les bois sifflent, les merles barbeyent les haies. Il est temps de marcher sur les eaux, de garder la tête sur les épaules et de considérer philosophiquement les ombres qui s’allongent, le craquement des os blanchis, l’étendue liquide.

En Faye

Corcelles-le-Jorat / 18 heures

Eux donc, ce qu’ils avaient été, bientôt personne n’en saura rien; ils ont quitté la partie sans faire de vague, tous les deux, l’un après l’autre, il n’y aura pas de suite. Quelque chose de vivant s’est pourtant pris les pieds dans les toiles d’araignée et la poussière de la maison vide, pendant quelques années: des cartes postales, une ordonnance médicale, des herbes sèches, des verres vides, un vieux tourne-disque, un cheval à bascule, un fer à repasser, une enveloppe avec une lettre dedans venue du Guatemala, une paire de chaussures. On espérait quelque part que personne ne toucherait à ces reliques.
Les démolisseurs ont fait leur job, c’était attendu, c’est fait.