Triage

Riau Graubon / 8 heures

Il n’est guère raisonnable de se pencher sur la manière dont le jour s’accommode de la nuit, dont ce qui est dit croise l’ombre de ce qui est, de faire sauter la digue qui les tient éloignés et d’approcher dans la grande quincaillerie le point où ils se croisent et font du bruit. Ou de s’aventurer dans l’écriture, là où la langue anéantit ce dont elle aurait voulu garder la trace.
Occasion inouïe et tragique pourtant, celle de pouvoir donner naissance à des récits et des mondes, de voir chacun d’eux se lever et se coucher dans la nasse de l’autre, nous obligeant à claudiquer et à passer de l’autre côté du rideau: deux fois comblés, deux fois orphelins.

Manloud

Le Mont-sur-Lausanne / 11 heures

Rabattre – ou plier – les images cristallisées du passé sur l’avenir en les verbalisant, les faire correspondre autant que faire se peut. On appelle présent le frémissement né de leur inadéquation, histoire la succession des efforts déployés pour en réduire les effets.
Ça se discute évidemment.

Plate-bande

Riau Graubon / 14 heures

Confiant et patient à certaines heures, acquis à l’idée que l’événement attendu surviendra tôt ou tard, impatient et sur le qui-vive à d’autres, persuadé que les cartes sont périodiquement rebattues et que ce qui semblait assuré pourrait ne pas avoir lieu, ou présenter un visage si peu avenant qu’il devient préférable de le rejoindre sur le champ, avant la bifurcation qui menace de le dénaturer, ou de nous en éloigner à tout jamais.