Décembre 2021


Vœux de l’an neuf.
Rien ne s’additionne.
Nous recommençons toujours.



Au Riau

Il y a un seul plaisir,
celui d’être vivant,
tout le reste est misère.

Cesare Pavese
16 septembre 1946
Au Riau

La poésie naît […] des instants où nous levons la tête
et où nous découvrons la vie avec stupeur.
(La normalité, elle aussi, devient poésie quand elle […] devient prodige.)

Cesare Pavese
16 avril 1940
Au Riau

Les choses gratuites
sont celles qui coûtent le plus.
Comment cela ?

Elles coûtent l’effort
de comprendre
qu’elles sont gratuites.

Cesare Pavese
21 janvier 1940
Au Riau

On comprend par là
pourquoi l’adolescence
est grande matière à poésie.

Elle nous apparaît à nous – hommes –
comme un instant
où nous n’avions pas encore baissé la tête
sur nos occupations.

Cesare Pavese
16 avril 1940


Les Granges

Il faut se détacher de tout,
pour se rapprocher de tout.
Jouir de chaque chose de manière profane
mais avec un détachement sacré.
Avec un coeur pur.

Cesare Pavese
3 juillet 1948
Une mort qui n’est pas tout à fait une mort

Octobre 2021

Cueillette de Toulon arrivée par le train


Les Orgires


Traversée du Journal de Charles Juliet

Lorsque la pensée (celle de l’intellect) a découvert l’étendue de son impuissance, ne lui reste qu’une issue : s’annihiler, faire silence. Et c’est alors qu’il devient possible de prêter attention au murmure.



Traversée du Journal de Charles Juliet

Eh bien, disons que l’authentique, ce pourrait être en nous cette zone intacte qui semble n’avoir jamais été altérée, viciée, contaminée, qui semble avoir échappé à toutes les formes de conditionnements, d’influences, d’imprégnations. Ce lieu proche et impénétrable où rayonne l’origine. Ce lieu d’avant le temps où l’être se tient hors du temps, où la voix clame l’élémentaire, l’évidence, l’anonyme. Un visage, un corps, un paysage, des formes, un poème, un objet, des rapports de couleurs, des sons… peuvent donner la sensation de la beauté, mais la beauté, on la porte en soi, quand l’être est un, calme, clair, et que l’énergie déferle en refluant sur elle-même.


 
Impossible de ne pas s’émouvoir !
Sauvé pour 1 euro à La Paillette (Drôme)


Traversée du Journal de Charles Juliet
 
Si à cet instant, par impossible, on m’administrait la preuve que Dieu existe – ou n’existe pas – je n’en concevrais aucune joie – ou aucun désespoir – et ma vie ne changerait pas d’un iota.
 
(Voici des années que je cherche à comprendre, à articuler ce qui se présentait à moi en termes contradictoires : d’une part, la nécessité de toujours mieux se connaître, d’aller vers une lucidité toujours plus aiguë, et d’autre part, le fait que cet ineffable auquel on aspire ne peut éclore que lorsque l’être n’est plus scindé entre cet oeil et ce qu’il observe.)
 
Le plus souvent, nous répugnons à vivre ce que nous ne serons pas en mesure de convertir en savoir.
 
Nous franchissons un petit col et entamons une longue descente par une route étroite et sinueuse. De temps à autre, en contrebas ou sur l’autre versant, nous entrevoyons une ferme. (Dans cette contrée de la Drôme, je découvrirai le lendemain que, le plus souvent, elles sont abandonnées ou déjà en ruine.)
Région pauvre et austère. Tristesse, sentiment de solitude, tandis que la nuit tombe, qu’il souffle un vent assez violent, qu’il fait un froid vif.
Bram est de plus en plus inquiet, car nous nous sommes égarés. Et aucun panneau indicateur. Et personne à qui demander notre route. Après avoir erré et tourné dans des cours de fermes inhabitées, enfin nous arrivons.
Le repas et la soirée dans la cuisine de cette ancienne ferme, près de la cheminée où brûlent de lourdes bûches. Bram fatigué et silencieux. André du Bouchet, la parole rare et abrupte.

Peu de paroles furent échangées, mais il régnait une bonne atmosphère et je me sentais bien.
Va bientôt respirer à nouveau !



Traversée du Journal de Charles Juliet

Depuis l’adolescence, le besoin ne m’a pas quitté de partir en quête de ce que j’ai perdu sans avoir possédé.

… à force d’oublis, de refus, d’aveuglements, nous parvenons fort bien à nous ménager un havre où nous pensons être en sécurité, à l’abri de la menace. De longues années peuvent s’écouler ainsi sans que nous ayons aucunement conscience de nous être soustraits à ce qui est le lot de notre condition. Mais parfois, il arrive que le havre ne protège plus, et c’est le drame. Tout se passe alors comme si la vie avait à se venger d’avoir été initialement trahie.
 
Être. Vivre. Qe mettre en ces mots ? Quelle réalité recouvrent-ils ? Aller vers la vie, en premier lieu, c’est s’appliquer à détruire. Détruire ce qui a envahi l’être et le brouille, l’altère, l’obscurcit. Détruire ce qui entrave sa racine. Mais qu’est-ce que la racine de l’être ? Et quelle est cette part en lui, qui ne se laisse ni circonscrire ni atteindre, mais qu’il brûle de rejoindre, et où il pourra enfin déposer les armes et s’abandonner ? Car ce n’est qu’en elle qu’il trouvera la paix, deviendra capable de consentir à la vie.

Il suffit de bien peu pour que notre vie intérieure soit réduite au silence. Mais lorsqu’elle se fait entendre, pourquoi parle-t-elle d’une voix étouffée ? Et pourquoi poser des questions dont je sais qu’elles sont sans réponse.
 
Traversée du Journal de Charles Juliet
 
 
J’ai écrit ce poème il y a déjà plusieurs années après avoir lu une étude sur la physiologie du cerveau. Il était dit dans cette étude que pendant les derniers mois de la vie intra-utérine, le cerveau enregistre l’état de total bien-être dans lequel se trouve l’embryon. Par la suite, il semblerait que des adultes en gardent le souvenir, ce qui entretient en eux le désir de retrouver cet état en même temps qu’une insatisfaction profonde… Il pourrait se faire que la nostalgie de ce paradis perdu ait en nous une origine anatomo-physiologique.
 
Ce désir de pendre le large ne m’a jamais quitté, et les fantasmes qu’il n’a cessé d’engendrer ont bien sûr évolué avec les années. Ils naissent de mes désirs, mes blessures, mes avidités, mais quelques grands vivants rencontrés au hasard de mes lectures n’ont pas manqué de les vivifier d’un sang plus intrépide. Mus par des forces auxquelles ils ne pouvaient s’opposer, ils avaient rompus les amarres, étaient partis pour ces ailleurs dont ils espéraient qu’ils les délivreraient d’eux-mêmes.
 
L’ai-je déjà noté ? Je ne sais plus. Pour rien au monde je n’aurais voulu avoir une enfance protégée, et maintenant, avec ce que je sais, je me réjouis d’être passé par les enfants de troupe. Ce que j’ai vécu au cours de ces années m’a enrichi. m’a donné une bonne expérience de la vie. Parfois, je rencontre des êtres qui ne sont d’ailleurs pas sans avoir de solides qualités, mais je perçois en eux un manque. Il leur manque d’avoir souffert.
 
Je n’ai jamais lu Rimbaud.

Le plus souvent, nous sommes scindés – une part de nous-même observe l’autre, la surveille, la contrôle, la réprime – et pour cette raison, nous ne pouvons connaître le limpide et tranquille bonheur de l’innocence, de la spontanéité, de l’abandon.
 
Au début, dit-on dans le Zen, les montagnes sont encore des montagnes. Par la suite, les montagnes ne sont plus des montagnes. Dans un troisième temps – quand on s’est unifié, puis-je ajouter, qu’on adhère pleinement à soi-même – les montagnes sont à nouveau des montages. Au demeurant, lors de la deuxième phase, quand les montagnes ne vous apparaissent plus comme des montagnes, c’est alors que vous vous demandez si vous ne courez pas le risque de perdre la raison.


 
Traversée du Journal de Charles Juliet


Je est un autre. Cette formule de Rimbaud, elle a souvent occupé ma pensée, mais je n’arrive toujours pas à saisir ce qu’elle peut bien signifier. Dans la mesure où nous sommes souvent scindés, souvent deux – l’être social et l’être intérieur, le moi et le soi, celui qui observe et celui qui est observé, celui qui juge et celui qui est jugé… – , si l’une de ces parts s’exprime en disant je, l’autre ne se reconnaît pas dans ce qui est exprimé, et peut-être alors se trouve-t-elle fondée à penser : ce je qui parle est autre que ce que je suis.
Si souvent, si souvent, nous avons ce sentiment d’être en complet décalage par rapport à ce que nous énonçons.
Comment peuvent cohabiter en moi candeur et lucidité ? Timidité et accès d’audace ? Apparent conformisme et inapaisable révolte ? Vie distanciée et adhésion ? Inclination au retrait et spontanéité ?
J’observe souvent le fonctionnement de ces dispositions contraires, et non moins souvent, je demeure perplexe.
Ces pré-pensées, ténues, fragiles, inconsistantes, qui ne parviennent pas à coaguler, qui disparaissent sitôt apparues, elles manquent par trop de vigueur pour que la conscience les enregistre. Ce sont pourtant elles qu’il me faut chercher à capter.
J’ai été longuement rongé par la nostalgie des ailleurs. J’aurais voulu prendre le large, aller là-bas, aller au loin, là où j’aurais trouvé cette paix qui m’était refusée. Je ne songeais pas à gager tel pays particulier. En réalité, je n’avais d’autre désir que de fuir. Fuir la vie que je menais, fuir celui que j’étais. Comme s’il était possible d’échapper à soi-même. On court au bout du monde avec l’espoir que tout sera changé, que la vie pourra repartir sur de nouvelles bases. Mais rien n’est plus faux. On se retrouve inévitablement face aux problèmes qu’on avait cru laisser derrière soi. Avec en plus la déception de reconnaître qu’on s’était illusionné, que le changement escompté ne s’est pas produit.
J’aurais voulu partir mais je ne suis pas parti. Je n’ai d’ailleurs pas eu à en décider. J’ai dû simplement renoncer à m’évader, dû me résoudre à demeurer là où il fallait affronter celui que j’étais. Sans que je me sois rendu compte, j’ai été embarqué dans un voyage radicalement différent de celui auquel j’avais rêvé. Aussi ai-je été long à comprendre ce dont il s’agissait.


Traversée du Journal de Charles Juliet


« Ces grands brûlés de l’être » a écrit Thierry Metz. Ceux qui doivent affronter en permanence « une inépuisable, inexorable absence ». Il était l’un de ces brûlés et j’aimais ce qu’il écrivait. Il s’est donné la mort il y a trois jours.
C’est si vague. Cependant, ce fut toujours là, dès mon adolescence. Une insatisfaction. Une attente. Un fond, un besoin d’immensité, de complétude, d’absolu. D’où le désir de rejoindre cet ailleurs où je pensais trouver ce qui me manque. Tout cela informulable, mi-conscient mi-inconscient, mais qui est toujours à me titiller, ou me ronger, ou me harceler. A ce mini-magma s’ajoute une nostalgie. La nostalgie de cet état de prodigieux bien-être éprouvé pendant les trois derniers mois de la vie intra-utérine et dont mon corps garde sans doute l’obscure mémoire…
En raison de cette attente, de cette tension, je ne suis jamais totalement engagé dans ce que je vis. Je le vérifie surtout quand j’écris. Je me donne sans réserve à mon travail. Pourtant, une part de moi demeure à l’écart. Lorsque j’en prends conscience, cette désunion m’est douloureuse.
Le plus souvent, nous n’avons pas conscience que nous existons sur deux plans. Deux plans qui peuvent n’avoir rien en commun.
Il y a ce que nous faisons, ce que nous disons dans le monde visible. Et il y a dans le même temps ce que nous pensons, ce qui agite notre réalité interne, ce qui éventuellement nous obsède. Entre les deux, entre le visible et l’invisible s’étend parfois un abîme, et cet abîme nous le franchissons en un une fraction de seconde dans un sens comme dans l’autre. Lorsque nous retrouvons le visible après l’avoir oublié et nous être éloigner pour dériver fort loin, il arrive que nous ayons de la difficulté à y reprendre pied.
Il faut toute une vie pour apprendre à se connaître, apprendre à vivre, et quand nous pouvons tirer parti de cette connaissance, de ce savoir, il est trop tard. Mais la vie est ainsi faite. Elle s’achève par où elle devrait commencer.
Traversée du Journal de Charles Juliet


J’aime ces instants où la pensée triture ce qu’elle ne sait exprimer. Elle malaxe, le distend, le clarifie, cherche l’angle par lequel s’en saisir, accepte les mots qui se proposent tout en sachant qu’ils ne conviennent pas. Du moins sont-ils une première approximation, une première ébauche de cet informe qui commence à prendre forme. Après, il faut encore préciser, resserrer, affiner. Puis quand la forme recherchée a été trouvée, les phrases mises au point sont parlées mentalement. Si elles sont prises dans un bon rythme, alors le travail cesse.
Quand on écrit, les subtils réglages auxquels on doit se livrer pour bien positionner ce point de perception et être en mesure de produire un texte susceptible de s’adresser tant aux entrailles qu’à la tête du lecteur.
 
En schématisant, on pourrait écrire ceci : les êtres qui auraient profit à ce qu’on les éclaire sur les difficultés qu’ils se préparent, sont précisément ceux qui ne peuvent entendre ce qu’on aimerait leur dire. A l’inverse, ceux auxquels on peut parler librement de tout ce qui les concerne, sont en général suffisamment ouverts à leur intériorité pour qu’on n’ait rein de décisif à leur apprendre sur eux-mêmes.

 
 
Traversée du Journal de Charles Juliet

Une photo en couleur de Giacometti en train de peindre. […] Il était occupé à réaliser le portrait de Jacqus Dupin, celui qui a le mieux parlé de lui et de son oeuvre. Le poète relate la manière dont il procédait. « Il obtient que la forme naisse de son indécision. Comme si elle répondait à un appel plutôt qu’à une injonction […]. Le portrait se construit, se détruit, s’édifie par sa contestation incessante. »
D’une part, notre vie triviale, répétitive, ennuyeuse, bornée par la mort, d’autre part notre nostalgie de l’immense, de l’éternel – nous effectuons si souvent le voyage de l’une à l’autre.
 
Quand je sui présent à moi-même, je suis également présent à ce qui m’entoure, capable d’observer ce qui s’offre à ma vue. En fait, le regard intérieur et le regard qui se pose sur l’extérieur fusionnent, s’alimentent l’un l’autre. Souvent ils ne sont qu’un seul et même regard, lequel ne peut avoir qu’une seule et même vision.
 
J’avais la nostalgie des ailleurs, non le désir de voyager. Ce qui me tenait, c’était le besoin de m’enfouir en moi, de me ménager un recès, de m’y blottir, et là – silence, solitude, concentration – j’aurais joui pendant de longs moments d’une incomparable félicité.


 
Traversée du Journal de Charles Juliet


Tout me prouvait que je devais me montrer raisonnable et suivre la voie qui m’était tracée, mais il y avait en moi quelque chose d’essentiel qui allait mourir. Instant crucial, déchirant.
Pendant dix ans, alors qu’elle vivait dans un pays étranger, puis en France, elle s’est consacrée à ses trois enfants. Pris par son travail, son mari était toujours absent. Pour elle, dix années d’ennui, de solitude, de souffrance. Rien de spectaculaire, et bien des femmes ont dû connaître une même existence. Mais ces années ont failli la briser.
 
Mâcon. Une rue du centre-ville. Il est minuit. De l’autre côté de la rue, un homme ivre, appuyé de l’épaule contre l’angle du mur, essaie vainement d’introduire la clé dans la serrure de sa porte.
Un instant, j’ai été cet homme ivre qui ne pouvait entrer chez lui.
 
Peut-être puis-je rendre compte ici de ce qui, à l’époque, en dépit de tout et au rebours de toute vraisemblance, cohabitait dans mon réduit intérieur : d’une part, j’étais au plus bas, épuisé, incapable de surmonter la détresse dans laquelle j’étais enlisé. D’autre part, j’avais la farouche conviction que rien ni personne ne pourrait me faire dévier de ma voie.
Une journée vécue sous le signe du disparate.
Goethe : « A partir du moment où l’on s’engage vraiment, la providence se met en mouvement. Toutes sortes de choses viennent à l’aide qui ne se seraient pas produites en d’autres circonstances, tout un courant d’événements imprévus, de rencontres et une aide matérielle que personne n’aurait pu prévoir. Quoi que vous fassiez ou rêviez de faire, commencez-le. L’audace a son génie, son pouvoir, sa magie. »

Septembre 2021

Au chalet Caroline et Juste Olivier

Chez François Bertholet, où se sont retrouvés jadis Olivier, Lèbre, Monneron, Vinet…

Encore là !

Pas de Lestang et restes de l’étang (Drôme)

Temple de Bézaudun (Drôme)

Bonne pioche chez l’ancien maire : photo du temple de Francillon détruit en 1947 (Drôme)

La Fondoresse (Drôme)
La Fondoresse (Drôme)

Houblon chez André du Bouchet à Truinas (Drôme)

Sacristie de l’église de Truinas (Drôme)

Col de Lacroix (Hautes-Alpes)
Archives de la Tavola valdese à Torre Pellice (Piémont)

Bonne pioche !
Bonne pioche !
Entre Saint-Jean (Luserna) et La Tour (Torre Pellice)

la Conca del Prà (Piémont)

Monte-Viso depuis le Galibier

Août 2021

« Lesen hilft, wandern auch. Wer November liest, tut beides. » (Yves Raeber)

Arrière-été, mêlés, Balsamine et Silène blanc

Port d’Hergiswil / Nidwald / Lac des Quatre-Cantons

De retour du festival du Toûno. Merci à Michèle, Marlène, Nicole, Claude et les autres.
Echappée belle lundi à l’alpage de La Lé, en fleurs innombrables et solitaires, puis à la buvette du Petit Mountet face au Grand Cornier, à la Pointe de Zinal et à bientôt feu son glacier

Mont Durand depuis La Lé

St-Luc / Torrent des Moulin

Une Anémone des Alpes, belle, indifférente, en marge du Festival du Toûno.

Knautie et Grande Lysimaque

Juillet 2021

Joux et Brenet de La Dent de Vaulion
Lotier corniculé

Caille-lait jaune (Gaillet vrai) et Achillée millefeuille
après le passage du bétail
sous la Dent de Vaulion

Léman et Évian du col de Pierra Perchia
Apollon entre Saint-Luc et Chandolin
Illgraben
Grande Cariçaie
au-dessus de Cheyres : 430.62
Truinas, avril 1999

Juin 2021

Premières méditations

 

« Le paradis est dispersé sur toute la terre.
C’est pourquoi nous ne le reconnaissons plus.
Il faut réunir ses traits épars. »

« Das Paradies ist gleichsam über die ganze Erde verstreut
und daher so unkenntlich etc. geworden
– Seine zerstreuten Züge sollen vereinigt –
sein Skelett soll ausgefüllt werden.
Regeneration des Paradieses”

 

Entre Murist et Treytorrens

 

Combe des Amburnex

 

Au camping

 

Mai 2021

Pervenches

Samedi 22 mai à 11 heures et 15 heures | Morges
Espace 81 et Cellier de l’Hôtel-de-Ville à Morges
Quinzaine poétique organisée par Poésie en Mouvement

Buffet de la gare à Grandvaux

Campagne perdue – campagne retrouvée

Préalpes

Mars 2021

Corcelles-le-Jorat

 

Anniviers 3025 :
Bisshorn / Weisshorn / Zinalrothorn / Obergabelhorn / Cervin

Fontaine au Riau


« Comme c’est étrange finalement : d’un côté on a l’impression que tout est joué, tout est perdu, tout est fini ; d’un autre que rien n’a vraiment commencé. »

 

Le dernier mot

Gif-sur-Yvette | le mercredi 24 mars 2021



Cher Jean,

Ton texte s’ouvre sur un divorce, une défaillance, une perte de signification qui se propagent jusqu’à la fin. Il s’achève sur un saut réflexif, une résolution méthodologique qui, ayant posé, admis, la difficulté de la tâche, la fragmentation, l’évanescence de l’objet, postule une cohérence enfouie, un sens immanent qu’une recherche parente de celle du chien de chasse, finira par circonscrire, par porter dans l’ordre de l’évidence.

Le lecteur est bousculé par l’apparition plus ou moins aléatoire d’un vieux berger, les scènes de la vie villageoise, l’émergence de souvenirs personnels. Le matériau est là, à l’évidence. Manque encore cette ordonnance seconde que tu sens confusément, indiscutablement et à laquelle, seuls, l’effort roturier, l’énergie du désespoir, parfois, permettent d’accéder. Les dieux envieux n’ont pas voulu nous livrer le fin mot. Mieux, non, pire, ils font tout ce qu’ils peuvent pour qu’on ne le trouve jamais. Tu oses prétendre t’en emparer. Ils vont te le faire payer. Ca vaut le coût.

Courage et amitié

Pierre

 

Le temps passe

Etang de la Montagne du château

Cher Pierre,

Le temps passe, je relis quelques-unes de tes Notes et pense au printemps qui, dans ta vallée, a un peu d’avance sur le mien. J’imagine que ta vie de retraité et de confiné ressemble à la mienne ; et j’espère que le vaccin te protège désormais de l’invisible ennemi.
 
Quoi qu’il en soit, je vis un peu retiré de tout depuis septembre 2018, attelé à une tâche qui exige de moi pas mal de forces ; j’en garde un petit solde pour faire un peu de jardin, marcher, lire, faire des courses, préparer à manger à ceux qui sont au front : Sandra, Louise, Lili et Arthur, qu’il faut nourrir le soir. Et ceux-ci en grandissant ont gros appétit.
 
Si je t’écris, c’est aussi pour te dire mon inquiétude. Plus de deux ans déjà à l’établi pour écrire un texte qui devrait comprendre un prologue et quatre chapitres. Je peine depuis quelques semaines sur le quatrième – peut-être parce que la mort y est très présente –  jusqu’à me demander si tous ces efforts valent bien la peine et ne sont pas vains. 
 
Je n’ai encore fait lire à personne le prologue qui relate la genèse de mon entreprise. C’est elle que je voudrais te soumettre, si tu en as le temps. Ça me donnerait peut-être le ressort de terminer cette difficile partie.
 
Voilà, cher Pierre, et si les tâches qui t’attendent sont nombreuses, n’hésite pas à écarter ma demande, je comprendrais : la vie est si courte et le temps parfois presse.
 
Avec toute mon amitié.
Jean

Février 2021

Avalanche de la Cime de l’Est
dans le lit du Saint-Barthélémy,
sous les Rochers de Gagnerie (La Vierge)

Chez Charles Gross au Trétien
ancien hôtel des Dents-du-Midi
bruyère, premières abeilles et papillon

10h30 : visite de l’hermine

Bords de saison


Du côté de la Valsainte / Cerniat

Enchantement

Il y a des petits livres qui sont à la source de grands enchantements. Leur origine, l’attente qui les a nourris et qui les habite, le dispositif auquel ils obligent leur auteur font leur rareté. Celui-ci m’a fait aimer comme un fou les gens qui m’entourent. Il m’a rappelé, sans faire de bruit, que nos vies se ressemblent et que je suis l’autre quel qu’il soit, au moins un instant. Ce sont nos vies qui en sont les bénéficiaires et qui, d’un coup, s’élargissent.  

https://troglodytes.ch

Octobre 2020

THÉÂTRE DES OSSES
POUR LE MOMENT ON CONTINUE A TRAVAILLER NOTRE PROCHAINE CRÉATION
Vous aviez aimé lire les « Lettres à nos aînés » dans La Liberté au printemps dernier ? Cette émouvante opération de solidarité avec une génération privée de contacts extérieurs face au coronavirus, est portée à la scène par le Théâtre des Osses. Une création signée Geneviève Pasquier avec une magnifique troupe, à découvrir du 5 au 15 novembre. Jauge du théâtre réduite de moitié, masque porté pendant le spectacle.
Détails et réservations : https://bit.ly/33fUb9J

Lac de Gruyère

PARADIS
Et rien de ce qui était de la terre ne pouvait mourir
Sans consentir
Les fleurs devenaient robes
Et celles des robes s’envolaient
On prêtait son âme comme un livre
Mais on ne l’échangeait pas…
Étienne Chevalley | Editions Eliane Vernay | 1985

Le Doubs entre Goumois et Jeannottat

Rive droite du Doubs, entre la Tête de Calvin et le Rocher de Louis Philippe
Saut du Doubs
Revers de Tissiniva depuis le col de Tsermon
Mont Aubert

Septembre 2020

Retour des Vallées vaudoises / col de La Croix
Villanova
Centre des Vaudois du Piémont
Col de la Croce / Abriès (F) – Torre Pellice (I)
Joseph / L’Échalp / Queyras
Retour à Bourdeaux
Au manoir de Valeyres-sous-Rances

Août 2020

Que des idées – n’importe quelle idée – puissent être contenues dans un livre donne une image très concrète de ce qu’on peut en espérer.
Non pas qu’elles y demeurent ou en sortent – ce serait les perdre – mais migrent dans un autre livre, comme au jeu du furet. C’est au fond bien peu.

Sur Moudon