Les fables

La vieille me dit un jour qu’elle ne cherchait plus à se débarrasser de l’histoire, ni des fables ni des grands récits qui avaient tant encombré sa vie. Parce que c’étaient eux, lorsqu’ils tournaient à vide, épuisés, qui la libéraient de leurs séductions et de celles du langage. Et lui rétrocédaient intact ce qu’ils lui avaient enlevé autrefois: une manière d’être au monde, une insouciance qui gardait un indéniable air de famille avec celle de ses jeunes années, sans communication pourtant, comme si chacune d’elle avait eu pour tâche de donner à l’autre, en son lieu et son temps, un avant-goût de ce qui avait été et de ce qui sera.

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Vivant séparé du milieu qui l’a vu naître

Vivant séparé du milieu qui l’a vu naître. D’où qu’il vienne et où qu’il aille un banc pour se reposer, un livre, un paysage, un jeu pour s’étourdir, des souvenir, des promesses, une tâche pour s’occuper, un voyage, une image, des regrets. Jusqu’à l’aveuglement. Vivant séparé de lui-même, perdu au beau milieu.

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