Jardin

Riau Graubon / 7 heures

C’est une élève d’une quinzaine d’années qui, assise sur un muret, en paraît douze; à l’adulte qui l’interroge sur ce qu’elle vit lorsqu’elle oublie son téléphone ou que sa batterie ne répond plus, elle répond ceci: « Je me sens coupée de tout. » Avec un ton, un sourire, un œil qui en dit long sur son désarroi et son impuissance.
Chacun est amené un jour ou l’autre à se retrouver nu, désarmé, seul. Mais qu’une batterie ou une carte SIM suffise à réintégrer le lieu d’où l’on est chassé, voilà qui est nouveau.
L’expérience que rapporte l’adolescente enveloppe en réalité une autre menace, celle de faire du langage, sans le milieu dans lequel il s’égare, le seul attribut de l’être.

Bois de Ban

Montpreveyres / 17 heures

Cuistance à deux pas de bectance et de bouffetance, partance qui tient son rang; désespérance, fragrance, souvenance qui fleurent trop la rime; jactance, laitance; dormance qui connaît une seconde jeunesse; garance; vacance qui n’a pas dit son dernier mot. Gênance entendu ce matin, réinventé sur le net par les gamins du siècle.

Chalet des Enfants

Lausanne / 16 heures

Ayant allumé une lanterne en plein jour, il dit : « Je cherche, mais quoi? »

Le soir, les va-t-en-guerre descendent les stores, la présidente se brosse les dents, son compagnon boit une tisane, le ministre enfile son pyjama, son bras droit prend un somnifère, les officiers de sécurité se coulent un bain, les criminels se font tout petits. Cette nuit, tous dormiront comme des anges.
Dehors une brise se lève, les arbres du verger sont en fleurs, le pré fait la roue, le renard sa tournée. Bientôt la pluie.

Ne pas oublier l’eau, ne pas oublier l’eau et l’avoine.