Faire voir du pays

Est-il bien judicieux de vouloir faire voir du pays aux adolescents, dont l’arrimage identitaire tient essentiellement au refus obstiné de l’altériré, à la mise à distance continue de l’étranger, au refus panique de l’inhabituel, incapables qu’ils sont d’imaginer d’autres arrangements avec le monde que ceux qui les tiennent forclos dans l’immédiateté de leurs désirs ?
Il y a un prix à payer pour devenir quelqu’un, c’est-à-dire un autre. Mais comment faire accepter ce prix à ceux qui refusent de s’éloigner de leur passé, en les y obligeant sans qu’ils crient à l’injustice et qu’ils nous fassent voir trop de pays ?

Jean Prod’hom