Car tout peut encore s'esquisser

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Aucun mot pour désigner le vide autour duquel s’articulent nos fables et la succession de nos jours. Pas de mot non plus pour décrire la stupeur de la raison lorsque l’inattendu la paralyse. Le mistral penche ce matin en tous sens, la plaine cherche son assiette et des morceaux de récits passent en coups de vent. Fallait bien pourtant que je me fixe quelque part, placer un pont en garde à vue, y attacher une boucle, puis deux, trois, qui feraient tenir ensemble la miniature, et auxquelles viendraient s’agréger indéfiniment ce que nous avons sous les yeux et nos ignorances.

Car tout peut encore s’esquisser dans les marges, dans les blancs.

Je marche avec un ruban à la boutonnière, un papillon et une libellule blasonnent le talus, je reconnais les lacets d’une majuscule d’un vieil incunable. Le déferlement s’ouvre comme une fleur.

Jean Prod’hom