Corcelles-le-Jorat | 21 décembre 2015

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Cher Pierre,
Pluie ce matin au Riau, grasse matinée pour Arthur et Lili, bain pour Louise, math et écriture pour Sandra. J’écoute – et regarde – l’heure que François Bon consacre à vos livres ; il termine avec Aimer la grammaire.

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Ce court traité tient dans ma bibliothèque, lui aussi, une place à part. D’abord parce que j’enseigne cette matière à la triste réputation, mais aussi et surtout parce que vos pages constituent la réalisation d’un rêve que je fais parfois et que votre phrasé redouble : celui d’aller à l’essentiel et d’y rester. L’avant-propos et les paragraphes introductifs de chacune des parties de cet ouvrage fournissent bien assez de grain – à moudre mais aussi à semer, arroser, récolter – pour nourrir les élèves jusqu’à la fin de leur scolarité obligatoire.

Nous sommes doubles, faits d’un corps et d’un esprit. Le premier est matériel, prisonnier d’une heure – le présent – et d’un lieu (ici, maintenant). Le second, quoique immatériel, n’est est pas moins très réel, puissant et libre. Il peut se transporter ailleurs, revenir dans le passé ou se porter dans l’avenir, imaginer ce qui n’est pas. Tel est le privilège de la pensée. Nous ne sommes pas seuls au monde… Pour faire connaître ce que nous sommes aux autres et pour savoir ce qu’ils pensent, nous nous parlons. 

Leçon donc, également, de philosophie première et d’écriture, donnée à coup de proses brèves qui relèvent tout à la fois de l’aphorisme – on y retrouve, sans qu’il soit nommé, Descartes – et du poème : Nous ne sommes pas seuls au monde.

Je poursuis la lecture du Chardonneret. Le tableau de Fabritius réapparaît enfin à Las Vegas, je me languissais :

… j’aimais le savoir là à cause de la profondeur et de la solidité qu’il donnait aux choses, du renforcement de l’infrastructure, d’une précision invisible, de la justesse d’une assise qui me rassurait, tout comme il était rassurant de savoir que, au loin, les baleines nageaient sans crainte dans les eaux de la Baltique et que des moines de mystérieuses zones temporelles psalmodiaient sans discontinuer pour le salut de l’humanité.

Je n’en ai pas fini avec ces oiseaux, avec le jaune, le rouge, le noir et le blanc, juste se délecter de ce moment délicieux apporté par le vent. Je ressors ma boîte de néocolors, descends au Do it d’ Epalinges ; pas de térébenthine, mais un ersatz. Je passe la fin de l’après-midi un pinceau à la main.
C’est soirée de Parkour à Lausanne pour Arthur, anniversaire à Servion pour Lili. Nous passerons la soirée à la maison, Louise, Sandra et moi.

Jean Prod’hom