Auberge du Vallon de Van (Salvan)

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Cher Pierre,
Pluie, pluie, pluie… Bain à Saillon pour la majorité des locataires de la Ruche, je suis de garde, sors Oscar avant de terminer la balade écourtée de la veille : Van d’en Bas par les gorges du Dailley.

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Personne dans l’auberge, sinon les tenanciers bientôt à la retraite qui cherchent à la remettre. Elle a été construite après-guerre pour loger les ouvriers du barrage de Salanfe. Ils sont propriétaires d’un chalet un peu plus haut qu’ils comptent occuper aussi longtemps que la santé le leur permettra, ils aiment ce vallon.
Mes gants et mon bonnet sèchent sur un radiateur, je suis trempé. A cause de la pluie qui n’a pas cessé et des efforts que l’escalade a exigés. Certaines sections enneigées m’ont obligé à avancer, par prudence, collé à la pente. J’ai dû enfin, du sommet des gorges jusqu’à l’auberge, brasser la neige qui recouvrait le chemin que personne n’a emprunté depuis quelques jours.
Je bois une verveine puis une bière en feuilletant les livres mis à ma disposition. Et cette plongée de deux heures dans l’histoire du coin donne un autre relief à une vallée qui n’en a évidemment pas besoin : criée à Salvan, chèvres à Granges, cabane des scouts à la Creuse, pâturage d’Emaney, barrage de Salanfe, arrivée des Anglais, construction des hôtels,…
Une page est tournée depuis la fin du siècle passé : les trois pensions des Granges, le restaurant, les deux bazars et la boulangerie n’existent plus. Ne reste qu’un hôtel fermé pendant les relâches ! Idem ou pire à Salvan : les cinq hôtels et pensions sont fermés. Plus de voiturier, de charcutier et de boucher, de cordonnier, de fabricant de piolets et de gendarme. Des trois boulangers il n’en reste qu’un ; plus de bazar, un seul tabac qui fait poste et bar. Je m’accoude au second : des Coquoz en pagaille et un invité surprise, le responsable des pompiers qui a officié le 5 octobre 1994 lorsqu’un incendie s’est déclaré sur les hauts des Granges, aux Roches de cristal.
Nous remontons tous à 19 heures à l’auberge, à la file indienne, y mangeons ; en redescendons à 22 heures, il fait nuit. Je pourrais marcher ainsi jusqu’à l’aube, je me couche à minuit.

Jean Prod’hom

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