L’intention et la volonté n’y auront pas été pour grand-chose, le lieu pour beaucoup, pensez-donc, Entre Terre et Mer : du cidre et des crêpes, des pulls marins et des phares, de la musique, des noeuds et des galets. Un rêve pour celui qui souhaitait rendre à la Bretagne ce que ses rives lui ont offert.
Il a suffi que j’en parle à Louise, Louise à Xavier, Xavier à Thierry et Thierry à Pascale, pour que nous nous retrouvions ce matin-là, accoudés à la table ovale de la crêperie de Rue. On a fait connaissance avec l’équipe qui travaille en salle, elle donne envie de revenir et de goûter à tout ce qu’elle propose. Quant à Pascale, une cheffe comme on n’en fait pas, elle nous a remis la clef des champs. A nous de conduire cette embarcation, elle en a une autre à mener de Grèce à Palma de Majorque.
Ça se passera donc dans la cave de la crêperie de Rue, dans le canton de Fribourg mais à deux pas de celui de Vaud. Ce sera le samedi 16 avril et ça commencera à 19 heures, il y aura une bonne cinquantaine de places assises à disposition. Thierry et Xavier viendront avec leur guitare et moi avec mes bouquins et mon iPad. On sera sur un petit podium. Je lirai, Thierry et Xavier joueront. A tour de rôle.
On a intitulé cette heure qu’on passera ensemble De la Bretagne à l’Argentine ; la Bretagne parce que je l’évoquerai, l’Argentine parce que Thierry et Xavier la joueront. Mais pas que, on cabotera également du côté du Brésil et de l’Irlande. Et s’il y a des enfants, je leur remettrai quelques-un des morceaux de l’enfance que j’ai gardés dans les poches et que le temps a polis, comme des tessons.
Nous n’avons pas l’ambition des gros propriétaires, nous avons celle des chasseurs-cueilleurs, celle de rentrer mains nues après avoir remis à ceux qui nous rejoindront des choses qu’on aimerait jolies, petits fruits cueillis ici et là à l’occasion de nos pérégrinations. Nous aimerions que nos airs et nos fables tiennent ensemble sans colle ni ciment, dans la paume de la main.
A la fin il y aura un chapeau. Ceux qui auront faim et soif pourront alors monter à l’étage, ça vaut la peine. Ils doivent être cependant avertis, les gens viennent de très loin goûter aux crêpes et aux cidres d’Entre Terre et Mer, si bien qu’il vaut mieux réserver sa place pour ne pas être victime d’une faim de non-recevoir.
Nous, en tous cas, on aime bien cette histoire. On se connaissait à peine il y a quelque temps, tout s’est monté au jour le jour, comme une armoire Ikea, mais sans tenon ni mortaise, c’est-à-dire comme un poème. J’ai rencontré des gens extraordinaires avec lesquels je n’ai pas hésité à m’embarquer dans une aventure qui s’est faite toute seule, à bord d’une de ces coques de noix faciles à barrer. Petit podium, petits fruits, petites embarcations, un rien suffit pour retrouver le sourire dans un monde qui, souvent, va de travers.
Jean Prod’hom