Véranda (Célestin Freinet XLII)

Riau Graubon / 16 heures

L’expérience a prouvé aussi que l’oiseau peut utiliser accidentellement l’apport des hommes pour la réalisation de son instinct. De même, l’enfant adoptera, pour son activité instinctive, le travail adulte dans la mesure où il répond aux exigences d’atmosphère, de rythme, de méthode, de spiritualité, de son jeu-travail.
Plus il y a unité entre le milieu adulte et ces exigences de l’instinct, mieux l’enfant mène à bien les expériences qui lui sont essentielles. L’instinct sera alors totalement au service de la personnalité dans le cadre de la vie contemporaine. Il n’y aura pas coupure, opposition, mais lente montée de cette vitalité subconsciente vers les zones plus évoluées de l’humanité.
Dans le cas contraire, l’enfant délaissera radicalement un milieu adulte dont il subira plus ou moins passivement l’emprise, pour réaliser malgré tout ce que lui commande l’instinct, en allant pour cela, s’il le faut, jusqu’à la désobéissance et au mensonge. Il ne sera plus question alors de montée harmonieuse, mais bien de dualisme grave, d’hostilité contre le milieu, de désordre individuel et social. Le jeu instinctif apparaîtra comme le seul refuge contre l’anarchie, le seul élément organisateur d’une vie qui se défend farouchement pour atteindre aux expériences formatives indispensables.

Célestin Freinet, Oeuvres pédagogiques I,
L’Education du travail, 1949
Jeu-travail et instinct

 

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