LE TEMPS | 2 mars 2018 | Comme un chien qui court
C’est en novembre 2017 que j’ai croisé W. G. Sebald, sur les hauts de Ins, en suivant les traces qu’il a laissées lors de son passage en septembre 1965, sur le flanc du Schlaltenrain qui domine le Grand Marais et le lac de Bienne. Le premier était noyé dans le brouillard ce jour-là, il n’eut d’yeux que pour le second qu’il aperçut des hauts de Lüscherz, puis l’île Saint-Pierre lui apparut baignée d’une lueur blanchâtre et frémissante.
W. G. Sebald reviendra dans la région en 1996, il débarquera alors sur l’île et s’installera pour quelques jours dans la chambre qui jouxte celles qu’occupa, heureux, Jean-Jacques Rousseau durant l’automne 1765. J’évoque ces rencontres heureuses dans le chapitre VIII de Novembre.
C’est à G. W. Sebald que j’ai pensé lorsque Lisbeth Koutchoumoff du TEMPS m’a demandé, à l’occasion de sa visite au Riau, d’évoquer un écrivain qui me nourrit, le Sebald crapahutant sur le Schaltenrain (qu’il nomme Schattenrain!) le marcheur mélancolique et apaisé des Anneaux de Saturne, et c’est ici.