La Chamberonnne (Célestin Freinet LXIX)

Lausanne / 14 heures

Expérimentation et création sont des activités malgré tout communes. De tout temps, des hommes s’y sont livrés, avec plus ou moins de génie, avec plus ou moins de succès. Elles ne sont pas spécifiquement scolaires. La nouveauté que nous mettons en avant, c’est cette documentation qui leur apporte l’appoint de la connaissance et leur permet d’aller toujours plus avant, avec plus d’audace et de sûreté, qui les intègre dans le processus complexe du progrès humain: documentation par exemple du milieu ambiant par le livre, la fiche, l’image, le journal, la correspondance, les échanges intercalaires, le magnétophone, la photographie, le cinéma, la radio.

Célestin Freinet, Oeuvres pédagogiques I,
L’Education du travail, 1949
L’enfant veut travailler comme il veut se nourrir

Jardin (Célestin Freinet LXVIII)

Riau Graubon / 17 heures

Nous abandonnerons, nous aussi, le râtelier scientifiquement construit. la litière neuve et la mêlée savamment combinée – et nous essayerons, à la fois humblement et intelligemment, de préparer à l’enfant ce pré plantureux, humide et ensoleillé, riche en herbes délectables et en fleurs dont le seul parfum est la plus délicate des nourritures.
Mais cette nourriture ne sera pas toujours prête, et comme offerte passivement. le poulain se lasse des carrés trop drus où chaque coup de langue fait son plein. Il gambade – et vous vous en étonnez – vers une revers de canal, jusqu’à la rive ombragée du ruisseau, pour chercher, pour choisir et savourer ce qu’il avait peut-être en abondance dans le coin délaissé. L’enfant de même devra souvent conquérir sa nourriture, la mériter et l’atteindre par la recherche, par l’effort, par la création, le travail.

Célestin Freinet, Oeuvres pédagogiques I,
L’Education du travail, 1949
L’enfant veut travailler comme il veut se nourrir

Saint-Christophe

Mathod / 12 heures
L’essentiel n’est plus, en effet, d’enseigner aux enfants les éléments de l’histoire, de la géographie, des sciences ou des mathématiques, mais de satisfaire leur besoin de connaitre pour l’enrichissement de leur nature, pour une efficience accrue de leurs efforts dans leur lutte permanente pour l’exaltation victorieuse de leur puissance. Il y a là une question de méthode essentielle. La première a fait ses preuves: elle dégoute l’enfant de l’étude, elle étouffe son désir de connaître, annihile sa saine curiosité dont elle excite au contraire l’aspect morbide et pervers qui nous la fait tenir, avec quelque raison, en si grande suspicion. Si vous persistez à vouloir « enseigner » ces disciplines, vous en serez réduit à avoir recours à l’oppression, sous l’une au moins de ses formes multiples (punitions, récompenses, gains, jeux) comme lorsque vous voulez gaver un enfant sans appétit… Vous avez commencé par le lui ôter.
Il faudra, quoi qu’il en coûte à notre amour-propre de scientistes, nous pénétrer de l’importance secondaire de ces sciences. L’essentiel pour nos enfants, c’est la santé physique, intellectuelle et psychique, la permanence de leurs besoins puissants qui sont comme l’influx vital de leur être, de leur désir de s’enrichir et de monter.
Célestin Freinet, Oeuvres pédagogiques I,
L’Education du travail, 1949
L’enfant veut travailler comme il veut se nourrir