Salle de bains (Célestin Freinet XLVII)

Riau Graubon / 17 heures

Des enfants jouent à cache-cache. Bien sûr, ils tâchent de ne pas être pris; ce n’est pourtant pas leur plus ou moins complète réussite qui sera pour eux l’essence du jeu, mais le jeu-travail lui-même, l’activité dépensée, l’émotion éprouvée. Aussi un enfant pris ne dira-t-il jamais, comme le joueur dont nous allons parler: « Si j’avais su que j’allais perdre, je n’aurais jamais joué.  » Vous ne voyez pas les enfants tenir ici un compte scrupuleux du nombre de fois où ils ont gagné. Le perdant ne subit aucune humiliation car le jeu en lui-même le comble de la satisfaction.

Célestin Freinet, Oeuvres pédagogiques I,
L’Education du travail, 1949
La distraction n’est nullement une nécessité

Ely Tacchella

Persévérance et ténacité sont deux mots durs, majestueux, laids, et pourtant bons, aimables et beaux.

Robert Walser

Il est né en 1936 à Rovio, entre le Monte Generoso et le lac de Lugano; il est mort hier à Colombier sur la rive droite du lac de Neuchâtel. Ely Tacchella a été l’un des Seigneurs de la nuit qui ont illuminé le Stade Olympique de Lausanne entre 1960 et 1970 et auxquels beaucoup d’enfants de mon âge sont restés fidèles. Ils nous ont enseigné les vertus mieux que tous les discours, pendant deux fois quarante-cinq minutes chaque semaine. Aucun de ces dieux ne nous a fait faux bond ou a manqué à ses engagements. Et si les circonstances ont obligé malgré tout l’un ou l’autre de nos champions à s’absenter, ça aura été pour nous enseigner qu’il existait une vie – qui nous est restée longtemps mystérieuse – à côté du football.
Ely Tacchella aura incarné une vertu qui n’a pas de nom, faites de vertus que se partagent tous les dieux: persévérance et ténacité, vitesse et technique, franchise et invention, générosité, courage, vivacité, modestie. Mais lui il les aura incarnées à petits pas serrés et la tête au-dessus de la mêlée.

Hangar

Jardin / 9 heures

Difficile de pas lier l’histoire du roman avec celle du poêle: ni l’un ni l’autre en effet ne nous incitent à voyager; y niche en outre une flamme qui, consumant à feu doux le destin et un peu du bois dont il est fait, nous procure une chaleur que nous ne trouverions jamais dans notre propre vie. Ce qui attire le lecteur vers le roman, poursuit Walter Benjamin, c’est l’espérance de réchauffer sa vie transie à la flamme d’une mort dont il lit le récit.