Riau Graubon / 11 heures
Quelque chose du dehors – piégé accidentellement dedans le cerveau – se glissa à l’intérieur d’une phrase qui roula en pente douce jusqu’au milieu de la ville pour s’y établir et dérouler son programme.
Riau Graubon / 11 heures
Quelque chose du dehors – piégé accidentellement dedans le cerveau – se glissa à l’intérieur d’une phrase qui roula en pente douce jusqu’au milieu de la ville pour s’y établir et dérouler son programme.
Riau Graubon / 18 heures
Les traces que Robert Walser a laissées de son passage étaient si légères qu’elles ont failli s’effacer. […]
Depuis, j’ai lentement compris que tout est lié par-delà les époques et l’espace, la vie de l’écrivain prussien Kleist et celle du prosateur suisse qui dit avoir été l’employé d’une société de brasserie par actions à Thoune, l’écho d’un coup de pistolet sur le Wannsee et le regard par une fenêtre de l’asile d’Hérisau, les promenades de Walser et mes propres excursions, les dates de naissance et les dates de décès, le bonheur et le malheur, l’histoire naturelle et celle de notre industrie, celle de notre pays et celle de l’exil.
W.G. Sebald, Séjours à la campagne
Riau Graubon / 12 heures
– Comment peut-on seulement voir dans un autre homme soi-même ou, à tout le moins, un devancier de soi-même?
– L’avant et l’après tracent une ligne sur laquelle nos langues reposent – force et faiblesse –, sans laquelle celles-ci n’auraient pas gagné leur indépendance, nous auraient condamnés à tout recommencer à zéro et à chercher à nous libérer autrement des pinces inflexibles du réel.
Inutile d’approfondir cette question sinon par en-haut, en laissant l’avant se replier sur l’après : j’accélère, outillé ou mains nues, tu abrèges, ils prolongent ; tu mets le feu, je l’éteins, avec des étincelles qui nous éblouissent et qui sont comme des mondes sur lesquels on agit; certains souhaiteraient en empêcher le retour, d’autres les immortaliser. On opère sur de la durée, on s’accroche, on plonge, on sort la tête.