En Cugnieux

Riau Graubon / 8 heures

Ils sont modernes et rient avec condescendance des lois de l’hospitalité, ne participent qu’à moitié à l’échange sans condition des salutations, des remerciements, des poignées de main, des hochements de tête en arguant de leur inutilité. En réalité ils s’en affranchissent parce que ces formes installent une réciprocité qui fait obstacle à leur volonté de prendre la main au café, à la boulangerie ou à la mine, et d’y établir leur domination formelle.
Se pencher sur les lois de l’hospitalité, leur histoire et leur fonction régulatrice les aurait dégrisés, décollés des filières et des évidences passagères dont ils sont le théâtre. Ces ambitieux conquérants, un peu barbares, font beaucoup de mal, victimes de cet esprit de sérieux qui habite toujours ceux qui revendiquent d’être de la race des derniers hommes.

Jardin

Riau Graubon / 7 heures

C’est une élève d’une quinzaine d’années qui, assise sur un muret, en paraît douze; à l’adulte qui l’interroge sur ce qu’elle vit lorsqu’elle oublie son téléphone ou que sa batterie ne répond plus, elle répond ceci: « Je me sens coupée de tout. » Avec un ton, un sourire, un œil qui en dit long sur son désarroi et son impuissance.
Chacun est amené un jour ou l’autre à se retrouver nu, désarmé, seul. Mais qu’une batterie ou une carte SIM suffise à réintégrer le lieu d’où l’on est chassé, voilà qui est nouveau.
L’expérience que rapporte l’adolescente enveloppe en réalité une autre menace, celle de faire du langage, sans le milieu dans lequel il s’égare, le seul attribut de l’être.

Bois de Ban

Montpreveyres / 17 heures

Cuistance à deux pas de bectance et de bouffetance, partance qui tient son rang; désespérance, fragrance, souvenance qui fleurent trop la rime; jactance, laitance; dormance qui connaît une seconde jeunesse; garance; vacance qui n’a pas dit son dernier mot. Gênance entendu ce matin, réinventé sur le net par les gamins du siècle.