Bibliothèque (Célestin Freinet XXX)

Riau Graubon / 15 heures

Parce qu’ils ne pouvaient plus voler, les scoliastes ont tenté de couper les ailes à leurs victimes. Le plus triste est qu’ils aient partiellement réussi, qu’ils aient fait une guerre souvent victorieuse à l’activité, à la joie, à l’élan; qu’ils aient persuadé les fils des hommes qu’ils doivent être sages, mesurés, humbles, dociles au devoir; qu’ils les aient retenus au bord du nid où ils se préparaient à prendre leur envol et qu’ils leur aient désappris, au nom de leur science, l’audace physique et intellectuelle qu’ils portaient en leur nature généreuse. […]
Heureusement quelques natures plus frustes, ou plus solidement marquées par le destin et qui ont échappé à la grande entreprise d’assagissement– non seulement des génies, mais aussi vos cancres parfois, vos ignorants, les indisciplinés – ont pu encore prendre leur envol, échapper à la direction jalouse de leurs maîtres et partir en avant, témoins obstinés de la pérennité de notre idéal.

Célestin Freinet, Oeuvres pédagogiques I,
L’Education du travail, 1949
Une éducation du travail

Leave a Comment

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.