TRAVERSE II :
11 avril 2019 | Tavannes | Librairie du Pierre-Pertuis
Grand Marais, entre Bellechasse et Witzwil, mars et novembre
Dorigny
«Devenue souvenir et laissée au souvenir,la lecture engloutie n’est plus une information ou une connaissance, mais une trace indisciplinée, lacunaire, déformante, qui relève de la construction mentale autant que des pages traversées. Aussi les fausses filières ont-elles la même assurance que les vraies. D’étonnants vieux faux souvenirs de lecture ont eu le pouvoir réel de servir de noeud, de guide ou de soutien. Des repères erronés, mal référés ou mal compris, ont pu apporter des certitudes, des noms fétiches, des citations, et contribuer peut-être à des déplacements pédagogiques souterrains. Incompréhensions, interprétations fantaisistes, livres lus trop tôt et trop vite, mal compris et mal retenus, images anarchiques et noms pris en vain – c’est le domaine de ce qu’il y a de fabulé dans une constitution personnelle…
L’étonnement de découvrir que j’ai fait fond sur un faux sens, et que cette incompréhension a joué un rôle réel dans ce qui m’a menée par la suite à Schelling et à bien d’autres voyages encore… ouvre une question plus générale, celle des faux souvenirs de lecture…
Et rien ne me permet de penser qu’aujourd’hui est plus lucide qu’autrefois. La relecture n’est pas forcément plus profonde ou plus sage, et elle peut se tromper à son tour.»
Judith Schlanger, «Sordello ou le faux souvenir de lecture» in La Lectrice est mortelle, Circé, 2013
Rousseau est mort. Starobinski a emporté la clé.
L’église de Moudon retrouve sa polychromie.
Rencontre autour de NOVEMBRE chez Cosette, dans son improbable GRANGES AUX LIVRES. C’est à La Chaux, sur la rive gauche du Veyron. Le jeudi 21 mars à 20 heures.
Attention, la librairie de Cosette est dans un lieu charmant au bout du monde; les places sont également limitées. Il est donc préférable de téléphoner avant de vous lancer sur les routes sinueuses qui y conduisent.
Et puis si vous désirez en savoir plus sur NOVEMBRE, il suffit de le lire ou de prêter l’oreille à ce qu’on en dit ici ou là, ici
Dans le Seeland, avec Sylvain Maestraggi (écrivain-promeneur, auteur de Waldersbach). Orbe, Grande Cariçaie, Payerne île Saint-Pierre et chalets lacustres, ad libitum. Une journée fantastique.
Qualité gustative et résistance pour le premier, rendement et précocité pour le second; les possibilités de croisement sont presque infinies. Seuls les hybrides les plus performants seront commercialisés.
A deux pas de ce ruisseau, un peu plus au nord, un autre ruisseau, la Corbassière, qui se jette vite dans la Menthue, laquelle creuse son lit jusqu’à Yvonand sur la rive sud du lac de Neuchâtel.
Et puis, un peu plus à l’est, le Riau de Corcelles, qui rejoint la Bressonnaz près de Moudon, avant que la Broye ne les emmène jusqu’à Salavaux au sud du lac de Morat.
Elles emprunteront ensuite ensemble, après s’être considérablement éloignées les unes des autres, le canal de la Thièle pour rejoindre le lac de Bienne et buter contre le barrage de Port.
Retrouvailles, un récit immense, qui n’a du roman que l’apparence.
Un mot reçu à propos de Novembre, qui me ravit :
Le « oui » de l’enfant que vous fûtes, et plus encore les pages, toutes les pages (magnifiques !) qui suivent, m’ont ramené à ces lignes de Nicolas Bouvier :
L’enfance plus qu’un âge est un état d’esprit. C’est une attention fébrile aux êtres et aux choses, une impatience d’absorption qui permet, pour de brefs instants, de saisir le monde dans sa polyphonie – il est toujours polyphonique – et de ne pas se contenter d’une lecture monodique où l’on ne suit qu’une ligne de la partition, ce que nous faisons trop souvent par lassitude, résignation, ou par ce qu’Antonin Artaud appelait, avec une justesse cruelle, «insuffisance centrale de l’âme».
Cette attention, je l’ai sentie tout au long de votre livre, qu’elle soit portée aux êtres – de cœur ou de passage – ou aux choses. Le plaisir fut grand de m’être promené sur une partition polyphonique, jouée à quelques pas de chez moi (Val-de-Travers), de chez nous.
« Lolita se fait la messagère du sieur JLK pour recommander très vivement la lecture de ce livre de sereine marche en plaine à travers nos pays extérieurs et intérieurs, comme un rendez-vous avec soi-même et quelques autres rencontres en chemin (oiseaux ou bonnes gens) au rythme égal du souffle et du style… »
Grandcour ce matin. Et ce message hier:
«Les CFF ont été malgré eux les entremetteurs… L’autre jour j’ai voyagé en compagnie d’une dame chanteuse dans un chœur à Bâle, qui tout comme moi, admirait le paysage depuis le train entre Neuchâtel et Yverdon-les-Bains. Et c’est avec enthousiasme qu’elle m’a parlé de votre livre tout en commentant l’histoire de la région. Arrivé à Genève je n’ai pu m’empêcher de lui demander le titre du livre et le nom de l’auteur. Du coup ça m’a aussi donné envie de « vous suivre » sur Facebook et d’acheter votre livre « Novembre ». Voilà toute l’histoire….»
Fabrice
Ainsi voyagent les livres, passagers clandestins et furets.