Cher Jean,
…
J’ai rêvé, comme Rambert, d’être changé en martinet. Je continue. Ils dorment en vol, soutenus par les souffles de la nuit. J’ai parfois entendu, vers minuit, leur trille dans l’azur assombri.
Figure-toi que c’est en juillet 1978, deux ans avant toi, seulement, que j’ai lu, au prix des pires peines, La Phénoménologie de l’esprit. Si je n’ai pas été disloqué, à peu près anéanti, par l’idéalisme absolu, c’est que j’avais lu Marx, qui règle son compte à Hegel en trois foudroyantes pages.
De son voyage dans les Alpes, je ne savais rien, que les deux mots qu’elles lui ont inspirés: « Cela est ».
Et puis il y a ceux, mémorables qu’il a adressés à ses compatriotes lorsque l’armée française, après avoir écrasé les Prussiens sur le plateau du Landgrafenberg, a fait son entrée à Iéna: « Regardez! C’est l’Esprit du monde qui passe, à cheval ».
Pas souvenir d’un mois de mai aussi beau, aussi chaud que celui qui s’achèvera bientôt.
Amitié
Pierre