Rien ne prend le pas sur rien

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Cher Pierre,
Rien ne prend le pas sur rien, je m’y fais et ça me convient. Ce qu’on raconte importe peu, pour autant qu’on le fasse entendre, qu’on en fasse deviner le grain, en éclairant les régions lointaines vers lesquelles il essaime, bien au-delà de ce qu’on voit et de ce qu’on croit. A cet égard l’organisation d’une grande ville n’en dit pas plus que celle du jardinet d’un Chartreux.

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Pour y parvenir il faut être deux, celui par lequel, avec lequel et pour lequel le réel semble se déployer, même vitesse, même référence ; celui qui paraît s’en être retiré, si diffus et pointu qu’il croit parfois n’en être plus, immobile, hors jeu ; nos vies tournent. comme chez Kepler, autour de deux foyers, un premier – plein – autour duquel un ordre se fait, des aires se répartissent, des corps se mêlent, des mots s’échangent, des volontés s’unissent ; un second – vide – qui fait entendre une voix  – née du silence – dont on use pour faire entendre de proche en proche ce qui existe hors de nous, dans un espace réduit, comme sur une puce ou une barrette de mémoire, vive plutôt que morte, en lui attribuant les propriétés qui sont aussi les autres.
Quant au bien et au mal, il se répartit selon les axes des représentations de nos souffrances ; il est vrai qu’il y a, en ce sens, parfois des urgences. 
On voudrait rassembler ces deux foyers, on y parvient parfois lorsque la respiration de nos représentations épouse le rythme de ce qu’elles représentent, lorsque la phrase vertèbre le jour blanc ou le pas le quatrain,
Je fais un tour du côté du nouveau bâtiment scolaire ; des ouvriers plient à l’extérieur les échafaudages, d’autres peignent à l’intérieur les murs, posent des tableaux qui n’auront d’interactif que le nom. Réunion ensuite pour l’organisation de l’inauguration de ce nouveau complexe, personne n’y croit vraiment, on plaisante, on rit jaune. La séance se termine à 17 heures 30 ; je ramasse Arthur au Riau, on descend à Ropraz et, pendant qu’il s’entraîne, je donne un coup de main à Jean-Daniel et Tom qui préparent une zone pour les Elites. Sandra a préparé un soufflé au fromage et une salade de carottes. Les enfants ressortent jusqu’à la nuit dans le jardin, avec Oscar et leurs diabolos.

Jean Prod’hom