Dimanche 1 novembre 2009
Prétendre que le quartier n’a pas changé et que je le retrouve comme il était autrefois ne me le livre pas plus qu’il ne m’en éloigne. Indifférent à l’idée qu’un jour je pourrais souhaiter revisiter ce que je ne songeais pas même quitter, je n’y étais pas plus présent autrefois que je ne le suis aujourd’hui tandis que je cherche les signes d’une irréfutable présence, le nom d’un rêve gravé dans la pierre qui m’auraient aidé à saisir un instant, cet instant qui m’avait vu m’arrêter un dimanche matin au bout d’un trottoir, un ballon à la main.
Ce n’est pas à pied que je reviendrai sur mes pas, mais en suivant les traces de cet absent dans la mémoire duquel je me glisse pour n’y rien trouver qui relève de ce qui fut. La mémoire de l’absent est vide comme la mienne. La rue est déserte, intouchée, le temps s’est glissé avec les mauvaises herbes entre les pavés du trottoir, pas de saisons, pas l’ombre d’un dimanche matin, aucune question, pas même les rebonds d’un ballon dont je percevrais l’écho et que je renverrais à l’enfant qui joue, mais des pierres qui ne nous ont pas vu passer, qui n’ont pas bronché, qui ne bronchent pas, nous n’y étions pas, l’instant dure intact et montre du doigt la marée qui pousse et reprend tout.
Jean Prod’hom