La bruyère a fait ses provisions pour l'hiver
A l'autre bout du monde, un artiste oublieux des lieux communs fait l'original, il voudrait que je lui livre de quoi alimenter l'appétit des fauves aveugles en disséquant mon coeur, il porte au cou un chapelet d'anciennes formules, se gargarise de bons vieux mots pieux gonflés de suffisance qui roulent, roulent, roulent comme des petits pois.
Les panneaux de coffrage du premier mur porteur ont été retirés. Les deux murs perpendiculaires seront coulés demain ou après-demain. Les rouleaux compresseurs dament tout près l'étroit passage qui sépare l'ancien du nouveau bâtiment. Je dresse avec les élèves de la classe 9 d'autres panneaux, ceux qui présentent l'histoire de la Mine des Roches de 1842 à aujourd'hui.
Ce n'est pas difficile d'écrire, mais c'est difficile d'écrire un livre, écrit Régis Jauffret sur Twitter. Oui ! mais à quoi bon s'il n'est pas nécessaire.
Promenade avec Arthur et Oscar. On a bien cru qu'il avait neigé près du vieux réservoir, c'est Daniel qui a déroulé des mètres-carrés de bidime sur lesquels seront entreposés des mètres-cubes de bois broyés.
La bruyère a fait ses provisions pour l'hiver, la chair des pruneaux, le vent du nord, le soleil gorgé de miel ont creusé dans le jardin un immense berceau. La mort peut attendre.
Jean Prod’hom