J'apprends à regarder
Les mots qui précèdent, je les ai envoyés par la grâce des réseaux sociaux à un prêtre. Une brève de notre journal local reformulée pour faire sourire, parce que blogue rime parfois avec blague, et parce que Fénéon n’est pas mort.
Ce prêtre, je le connaissais par l’entremise de l’un de ceux qui a pris acte de l’avènement du numérique dans toutes ses dimensions et qui a eu la gentillesse de dire un peu de bien de son blogue et du mien, le même jour, un dimanche. Ensemble un catholique et un agnostique. Coïncidence peut-être, toujours est-il que je suis allé, depuis ce jour, régulièrement lire les billets de ce prêtre.
Des hommes d’église, je n’en connais plus aucun depuis que le curé de Poliez-Pittet est mort, un curieux village qui a résisté à la réforme, un prêtre extraordinaire que j’ai rencontré plusieurs années de suite dans son église, seul ou avec des élèves, pour parler de choses et d’autres, des sacrements, des images, de la semaine sainte, de l’entrée du Christ à Jérusalem, des branches d’olivier qui manquent dans le Jorat. Un prêtre minuscule qui m’a enchanté. On plaisantait parce que la vie en vaut la peine. Il me parlait de ses peines, je lui parlais des miennes. Je pense souvent à lui.
- Je n'ai rien compris. Désolé
- C'est moi qui le suis.
- C’est surtout que je ne vois pas bien ce que j'ai à voir dans cette histoire
- J’avais fait l'hypothèse que depuis 1517 les prêtres pouvaient s'intéresser aux histoires de pasteurs. Et vous êtes le seul prêtre que je connaisse.
- Et je ne savais pas que j'étais votre seul prêtre. Je ne suis pas au taquet sur tous les sujets et me sens peu compétent sur le protestantisme. Voilà. Alors la mésentente vient du fait que je ne suis pas les prêtres mais un homme qui essaie de l'être de plus en plus.
Ses réponses m’ont glacé. J’ai voulu lui répondre, demandé de l’aide à Jakobson pour garder le contact. J’ai décidé finalement d’écrire ces mots.
Trop de sérieux nuit, les postures alourdissent nos robes, pas assez de sérieux dans la bienveillance tandis que les questions demeurent, Nous avons hâte de porter plus loin ce qui rend possibles les doctrines des uns et des autres et celles qui n’existent pas.
Jean Prod’hom