Dimanche 28 mars 2010
Rien pris aujourd'hui rien laissé non plus, en transit sur tous les chemins empruntés, de nulle part à nulle part dans des lieux sans qualité. On met de l'ordre sur les terrasses pour l'arrivée prochaine de ceux qui nous font vivre et qu'on fait vivre, donant-donnant, on évoque les mêmes lendemains, à l'école les élèves préparent l’avenir, des forains maussades chargent les camions qui emmèneront la fête plus loin, on a fermé l'église pour s'épargner des frais et des peines. Nous vivons le règne des causes efficientes.
Rien n'est fait ici pour rien. Quelque chose tire chacun vers cette autre chose qui lui manque, dont on ne sait rien et qui nous pousse. On parle, on promet, promesses tenues promesses oubliées qu'importe, on n'en voudra à personne. L'affaire est moins pathétique qu'on ne le croit, c'est un principe d'ici-bas, tout s'y fait pour autre chose, comme au purgatoire, mais ne le dites pas.
Et on est là comme un étranger, presque invisible, à l'image de ceux qu'on croise dans une vie et qui trop lointains comptent pour rien. On mange quelques cerises, on s'assied sur un banc en face d'un calvaire, un tilleul a étendu son ombre, et c'est bien agréable de ne pas être tout à fait de la partie, ou d'en être mais du côté de sa fin, et de ne pas avoir ainsi à en dire quoi que ce soit.
Jean Prod’hom