Ton ambition croît et ma volonté plie
La phrase avance, rampe, serpente, le mot s’appuie sur celui qui le précède, pour jeter loin devant celui qu’il tient en laisse et qu’il suit, comme si la phrase était pilotée à la fois de l’avant et de l'arrière et qu’en tout lieu le dernier mot avait l’allure d’un premier de cordée. La phrase s’allonge alors, comme un serpent qui ondule, et le sens sort de sa gaine, de sa double gaine, gonfle aussi longtemps que le mot de tête danse en cadence avec le mot de queue.
Derrière son apparence corpusculaire, le langage est bel et bien de nature ondulatoire, si bien que tu écris ce que je lis autant depuis la fin que depuis le commencement, et que je lis ce que tu écris en tous sens avec la conviction que tu as fait tout ce qui était en ton pouvoir pour retenir le sens à l’intérieur de sa mue qui te déborde à mesure que ton ambition croît et que ma volonté plie.
Jean Prod’hom