Boules à neige
Voile ronde, tendue au matin par les drisses des rêves, bordée le soir par le battement des paupières, ou voûte c’est selon, il a neigé toute la nuit sur le dos de la terre. Nous n’aurons pas vu de la journée les enfants qui ont glissé au-dessus de nos têtes à deux pas du ciel, pente douce vautrés dans un édredon.
Il y a des jours où le jour ne passe pas, se dilate jusqu’à midi puis fraîchit. Les enfants auront fait la fête en sillonnant en tous sens le dessus de l’édifice, ils auront planté leurs griffes dans le mou des choses. On les aura écoutés de notre côté, dans les combles, immobiles comme dans un igloo avec un peu de lumière entre les jointures.
J’aime ces jours de décembre semblables aux boules à neige où rien ne vient remuer le temps. Bien des choses comptent pour beurre au milieu de nos habitudes, jours perdus dont il n’y a rien à dire, ajoutés aux babioles sur nos commodes, jours de pluie d’automne à côté des poupées bretonnes, fournaises d’été et restes de terre cuite, journées qui ne comptent pas, livrées en bloc. Des journées qui nous laissent avec nos respirations, hors tout, des journées qui ressemblent à des dimanche même le samedi.
Jean Prod’hom