Dimanche 25 juillet 2010
Les cloches entendues ce matin des quatre coins du Jorat, lointaines, ont creusé des poches dans lesquelles la campagne s’est glissée pour prolonger un bref instant ses rêves.
Les gitans lèvent le camp à Mauvernay, à la queue leu leu, lunettes de soleil sur le nez. Quelques femmes rameutent à l’arrière leur progéniture, cris colorés des enfants qui jouent dans le pré, ils ne veulent pas décamper.
Les grands sont partis, Arthur pour Gryon et Louise pour Orges. Pourtant dans la maison retentissent encore leurs cris, ils rient des jeux naïfs de Lili avec la voisine. Et puis je les vois dans le compartiment du train avec des inconnus qui sourient. Cette histoire est à eux, et les mots adressés derrière la vitre à ces nouveaux amis avant le départ du train les projettent dans l’avenir et laissent derrière eux un silence qui fait de nous de nouveaux orphelins.
Plutôt à la traîne qu’à l’avant-garde. Pas de raison de me plaindre.
Jean Prod’hom