Dimanche 15 novembre 2009
Elle dépose avec gourmandise dans le creux de sa main de minuscules fraises des bois qui ne peuvent plus attendre, mûres, fermes, tendres qu’elle entasse avec un soin prudent, plusieurs dizaines, hésite à rompre le délicat équilibre, en rajoute une, deux, trois avant de jeter la tête en arrière et de les engloutir d’une seule fois. Elles ne disparaissent pas mais enflent ses joues qui rosissent, ses paupières se ferment sous le poids de la gourmandise, c’est le plaisir qui se répand, enfle de l’intérieur, persévère un instant.
Puis elle se remet à la tâche, une à une pour une seconde poignée.
Dans le creux de la main le mariage du vice et de la vertu, de la prudence et de la gourmandise.
Jean Prod’hom