Pierre Ménard
Une image, quelque chose comme lorsqu’on va d’un pas ferme, la tête haute, et qu’on se maintient un bref instant au sommet, en équilibre, avant de s’incliner et de basculer dans le vide sans y être prêt. Par bonheur on se rétablit en trouvant ce presque rien qui survient à chaque coup, qu’il suffit d’accueillir mais sur lequel on ne saurait s’appuyer. On passe là où n’existait aucun passage. Il ne sert à rien pourtant de se retourner, les traces sont effacées. Le monde se remet d’aplomb un court instant, on se redresse et on va de l’avant, marche précaire de celui qui ne revient pas sur ses pas, qui ne craint ni les nuages ni l’acier, qui avance libre et liquide comme une imprévisible méduse.
Jean Prod’hom
20 septembre 2009